La dialectique de l'État et du marché dans la construction européenne : contribution à l'étude de l'article 90 du Traité de Rome
Auteur / Autrice : | Gilles Magrini |
Direction : | Lucien Rapp |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Droit public |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Toulouse 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'article 90 du Traité de Rome est l'un des piliers de la construction de l'Union Européenne car à lui seul il synthétise toute la philosophie qui commande la création du droit communautaire, mais en plus il confère aux décideurs politiques la faculté d'affranchir partiellement l'Europe des règles du marché. Il est d'abord un substrat du Traité de Rome en ce qu'il rappelle les fondements qui sous-tendent l'ensemble de l'édifice européen. Il place l'ensemble des acteurs intervenant sur le marché à égalité et rappelle que la libre concurrence est le moyen de régulation de l'économie européenne. Une fois ces bases formulées, toute la spécificité de cet article peut apparaître. Le dispositif de l'article 90, sous ses paragraphes 1 et 2, montre que la libre concurrence n'est qu'un moyen, un simple outil pour atteindre les objectifs supérieurs du traité. En cela, elle peut être parfaitement écartée au profit d'une régulation alternative, celle du monopole public. Là est l'apport essentiel du dispositif de l'article 90 CE, réhabiliter l'intervention de l'État dans l'économie. Bien sûr, cet article fixe les limites de cette réhabilitation, elle n'est possible, essentiellement, que pour la gestion et l'offre de certains services jugés d'intérêt économique général, mais il légitime une liaison entre ces services et le monopole public. Cette liaison a deux conséquences principales. D'abord, elle fait du monopole public un moyen de régulation du marché à part entière, non pas dérogatoire ou exceptionnel, mais un principe égal à celui de libre concurrence. En outre, elle replace au centre de la construction communautaire le concept de service public ; et avec lui c'est l'objectif de renforcement de la cohésion économique et social énoncé par le traité qui se trouve réaffirmé et qui prend véritablement corps.