Innovation technologique et réglementation environnementale : le cas de l'industrie automobile
Auteur / Autrice : | Emmanuelle Guiheneuf |
Direction : | Danièle Blondel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris 9 |
Résumé
Cette thèse a pour objet la détermination des conditions qui permettent à une firme de se servir de la relation entre innovation technologique et règlementation environnementale pour conquérir un avantage concurrentiel. Elle s'appuie sur l'étude du cas de l'industrie automobile, et plus particulièrement celui du constructeur Renault confronté aux règlementations européennes sur les émissions de gaz polluants des véhicules et sur la sécurité. La problématique est d'abord examinée dans la perspective d'une réglementation environnementale conçue comme un stimulus de l'innovation technologique. L'importance des notions de trajectoires technologiques, de design dominant et de paradigme technicoéconomique est mise à jour. Il apparait alors que la réglementation environnementale peut susciter un changement de trajectoire technologique et engendrer une grappe d'innovation. Ces résultats sont ensuite confrontés au cas de la réponse innovante des constructeurs automobiles soumis aux normes européennes de qualité de l'air. Ici, le contenu et le mode d'application de la réglementation sont bien déterminant dans l'adoption d'un véhicule à moteur a injection, dépollué par un pot catalytique. Toutefois, cet exemple met en lumière les limites de l'approche de la réglementation comme stimulus de l'innovation. Cette conception ne permet notamment pas de rendre compte des comportements de lobbying observés durant la phase de formation de la réglementation. Pour pallier ce défaut d'analyse, la problématique est ensuite explorée dans la perspective d'une réglementation environnementale comme critère de sélection de l'innovation technologique. Le cadre d'analyse est d'abord requalifié, afin d'intégrer des comportements de lobbying. L'absence de la dimension stratégique de la firme évolutionniste est mise en exergue et un examen des théories ressources-based conduit à adopter les concepts de capacités dynamiques d'intégration comme fondement de l'avantage compétitif d'une firme. Les capacités dynamiques d'intégration et de traduction de la réglementation environnementale sont alors définies comme les compétences qui permettent à l'entreprise de s'adapter aux variations de la réglementation. Pour conclure, les rapports entre capacités dynamiques d'intégration, de traduction et compétitivité sont examinés.