Les Français face à l'enrésinement : XVIe-XXe siècle
Auteur / Autrice : | Vincent Moriniaux |
Direction : | Jean-Robert Pitte |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
Les résineux sont mal-aimés des français. Pourquoi, alors que la forêt française est au deux tiers feuillue (contre un tiers seulement en Allemagne par exemple), le rejet de l'enrésinement est-il si fort dans notre pays ? Ses racines ne sont-elles pas avant tout historiques et culturelles ? Une analyse statistique et historique montre que l'accroissement des surfaces résineuses est récent et qu'il fut, dans certaines régions, brutal. L'intérêt pour les résineux nait au XVIe mais il faut attendre le début du XVIIIe siècle pour voir les premiers boisements, en champagne d'abord, puis en Bourgogne et enfin dans les Landes. Au XIXe siècle, une véritable frénésie de boisement s'empare des propriétaires prives comme de l'état. L'enrésinement au sens propre (remplacement des feuillus par des résineux), ne commence qu'au début du XXe siècle. Apres 1945, avec l'apparition d'une sylviculture plus dynamique, l'enrésinement devient synonyme de reboisement. Grace au F. F. N. , les résineux s'étendent, au fur et à mesure que s'aggrave l'exode agricole. Apres le pin du XIXe siècle, c'est l'épicéa, puis le douglas qui sont les essences à la mode. On observe, dès le XIXe siècle, une opposition contre les reboisements en résineux. Dans les campagnes, l'opposition se cristallise autour de la disparition des droits d'usage. En ville, ce sont les artistes et les poètes qui partent en guerre contre les pins inesthétiques. Ces deux tendances se retrouvent aujourd'hui dans les discours des opposants à l'enrésinement, agrémentés de considérations écologiques, apparues à la fin des années 1960. Quatre régions ont été choisies pour leur exemplarité : Fontainebleau, les Cévennes, le Morvan, le Beaujolais et les Vosges. Une étude des traditions, des symboles et des représentations artistiques liés aux résineux offre des pistes pour comprendre l'attirance pour l'arbre de Noël et, dans le même temps, la crainte que suscite la forêt de sapins.