Auteur / Autrice : | Vân Dung Le Flanchec |
Direction : | Mireille Huchon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Etudier le "nombre" dans Délie, c'est choisir, pour tenter d'accéder à cette œuvre, un concept problématique en rhétorique française. L'emprunt de ce concept à la rhétorique cicéronienne a stimulé une réflexion sur le vers français. La langue ignorant les alternances de quantité inhérentes au nombre latin, le transfert direct est impossible. Reprenant l'argumentation de Cicéron dans l'Orator, les théoriciens du XVIe siècle montrent que le pied métrique n'est qu'une réalisation concrète de l'idée fondamentale de nombre, dont ils identifient les composantes dans la poésie française. La rhétorique Françoise de Fouquelin, d'inspiration ramiste, reflète cette nouvelle conception du nombre, distincte de l'idée moderne de rythme, et qui allie à l'exigence de la mesure le gout de la sonorité des mots. Ses remaniements définitionnels font de la répétition la figure du nombre par excellence, révélant ainsi l'importance de l'accent d'insistance et d'un rythme oratoire aboutissant à une valorisation de chaque lexie, et renouant occasionnellement avec l'ancienne accentuation de mot. L'étude des figures de diction répertoriées par Fouquelin met en évidence, dans Délie, le dynamisme structurant et la pulsation d'une parole dominant la cadence métrique : les mots répétés forment avec les allitérations et les assonances des lignes mélodiques complémentaires, sémantiquement aimantées, porteuses de leur propre signifiance. Peut-être issu de l'art ferme des troubadours, le "nombre" de Scève se rapproche du "rythme du sujet" d'Henri Meschonnic.