Père et fils au pouvoir dans l'historiographie impériale d'Auguste à Vespasien
Auteur / Autrice : | Agnès Molinier-Arbo |
Direction : | Jean-Pierre Callu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études latines |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
La succession des empereurs romains a toujours été étudiée d'un point de vue strictement dynastique : par réaction aux thèses du siècle dernier, qui voulaient que la norme de transmission du principal eut été l'adoption, on a juste titre souligné que les princes pourvus de fils biologiques ont toujours cherché à leur assurer l'Empire. Mais on a expliqué la facilité avec laquelle les romains, habités pourtant par l'horror de la royauté, ont accepté d'être gouvernés par les fils de leurs précédents empereurs, par des motifs religieux ou par la loi du plus fort. Or nous croyons que la transmission de l'Empire de père en fils était pour les romains naturelle car leurs lois et leur culture instauraient une parfaite réflexivité entre ceux-ci. Le second était le prolongement du premier : les romains, aspirant avant tout à la continuité, s'attendaient, lorsque le père avait bien régné, à voir le fils faire de même. Auguste a ainsi à dessein insisté sur les aspects patriarcaux de son régime et, toute sa vie, s'est cherché des fils, moins pour créer une dynastie que parce que leur présence à ses côtés et après lui était consubstantielle à la nature du principat. Voilà pourquoi Tibère, seulement adopté, a été d'emblée, malgré toutes ses qualités, considéré comme un usurpateur. Caligula, en revanche, fut le premier prince dont le pouvoir ait paru légitime aux romains, non à cause de sa filiation officielle, mais à cause d'une filiation plus immédiate et officieuse (Germanicus, Drusus l'ancien, Marc Antoine). Tacite s'est fait dans les histoires le héraut de la fiction littéraire de l'adoption du meilleur. Pourtant, nous voyons que, pour lui, le seul remède aux guerres civiles, fléau de Rome, est la collaboration et la succession harmonieuses au pouvoir d'un père et d'un fils biologiques. Le principal de Vespasien, auquel participa activement Titus, sans répugner aux tâches les plus ingrates et les plus impopulaires du gouvernement, en fut d'ailleurs la meilleure preuve.