Thèse soutenue

Abdelkebir Khatibi : poétique de l'écriture

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Auteur / Autrice : Abderrahim Blaoui
Direction : Guy DugasRobert Jouanny
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études arabo-islamiques
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'écriture romanesque d'A. Khatibi est essentiellement d'ordre poétique. Le texte reflète d'abord le travail des mots qui le composent : sa dimension esthétique détermine sa fonction référentielle et non l'inverse. En effet, dans La mémoire tatouée, Khatibi transforme l'autobiographie classique et l'idéologie qu'elle implique. La métaphore nominale, les rapports du narrateur avec le récit, et la parodie des discours totalitaires sont ainsi les lieux où s'opère ce profond changement. Ce travail continue dans Le livre du sang. Ici, la mystique musulmane est réutilisée en tant qu'intertexte pour de��noncer le non-dit qu'elle refoule (le sexe, la relation avec l'autre). Elle structure aussi le discours du narrateur, à partir de la métaphore de l'amour et de la mort. Ces deux dernières annoncent le texte d' « Amour bilingue » où la déchirure du narrateur entre sa langue maternelle vouée à l'absence et la langue française (celle de l'écriture et de la femme aimée) atteint le summum, surtout à travers les trois métaphores principales du texte (la bilangue plus optimiste que pessimiste. Avec un « Eté à Stockholm nous avons ainsi un récit de voyage ou le souci de la construction d'un univers fictif devient plus visible, et les rapports avec le lecteur plus ludiques. Dans « Triptyque de Rabat » la neutralité de l'histoire est manifeste, malgré les intrusions de l'auteur et le recours au discours de la magie (la métaphore du faucon magique) qui ne cessent de remettre en cause l'illusion réaliste. Ces analyses nous montrent que ce qui détermine la poétique de l'écriture chez Khatibi est ce passage progressif du discours vers le récit : chaque texte joue sur la présence inégale des deux, pour des buts bien précis. Mais à partir d'amour bilingue, le sujet de l'écriture cherche à construire un univers fictif, de plus en plus distant et objectif, loin de ses préoccupations habituelles (identité-différence, bilinguisme etc. ). Autrement dit, si les trois premiers romans de Khatibi portent la trace d'une dimension autobiographique déclarée ou masquée, les deux derniers traduisent, par contre, le désir de construire des univers fictif plus neutres et ouverts.