Thèse soutenue

Proust ou le réel retrouvé : le sensible et son expression dans A la recherche du temps perdu

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Auteur / Autrice : Anne Simon
Direction : Jean-Yves Tadié
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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''Joie du réel retrouvé'', écrit Proust à la fin d'A la recherche du temps perdu. Cette œuvre n'est pas seulement l'histoire d'une vocation : elle est aussi celle de la quête d'une réalité qui se révèle être l'origine et le terme de l'écriture. Pourtant, le récit relate une série de désillusions démontrant la platitude d'une réalité opposée aux désirs et aux mythes intimes. Il y a donc chez Proust deux conceptions divergentes du réel. Notre étude, qui part du constat d'un chiasme entre fantasme et sensible dans les pages liminaires du roman, s'est centrée sur la redéfinition proustienne de la sensation et de la réalité. Celles-ci, déconsidérées par les versants idéalistes et symbolistes de la philosophie et de la littérature du tournant du siècle, sont réhabilitées par Proust, qui annonce les ultimes réflexions de M. Merleau-Ponty sur le monde sensible. Aux notions de matière, de fait brut, d'objet, sont substituées celles de relation, de ''sillon'', de réseau ou ''d'engainement''. Le schème de la profondeur joue un rôle essentiel dans cette nouvelle approche du réel. Caractérisant l'activité de l'artiste (le « plongeur » proustien) comme sa conception du temps, feuillète et « incorpore », la profondeur fonde aussi sa perception des spectacles sensibles, qui prend acte d'une disparition de la dichotomie surface/intériorité. Elle devient surtout un operateur stylistique majeur : l'écrivain invente une esthétique de la surimpression qui lui permet de mettre à jour l'essence du sensible, défini comme entre-deux dynamique, manifestation fluctuante d'une profondeur sous-jacente, vacillement entre être et non-être, visible et invisible, présent et passé. La recherche suggère ainsi l'entrelacement du langage et du sensible : Proust permet à la littérature de retrouver ses pouvoirs référentiels, sans souscrire à la conception classique, imitative, de la mimesis.