La poésie d'Elizabeth Jennings : harmonies chaotiques
Auteur / Autrice : | Cathy Parc |
Direction : | Monique Lojkine-Morelec |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglaises |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Née d'un regard spéculaire, la poésie d'E. Jennings renvoie du mouvement un reflet lacunaire : si elle lui ressemble par sa rigueur formelle et son intérêt pour le quotidien, elle s'en distingue par sa quasi absence d'ironie, sa problématique religieuse, son amour de l'étranger et son respect des traditions romantique et moderniste. Des images métaphysiques développées par l'allégorie aux instantanés nostalgiques, elle s'est libérée de ses influences pour accéder à une translucidité fluide. Mais la simplicité est en trompe-l’œil : la surface cèle la profondeur où un flot retenu anime des courants contraires tendant vers une totalité unifiée. L'étude de l'androgynie scripturale qui vise à extraire les harmonies du chaos, le sens, de la confusion, l'affirmation, du désespoir, est stylistique et thématique, analytique et synthétique. Il s'agit de définir la dualité de la vision et de la parole qui l'informe sur le mode mineur du lyrisme spéculatif. Imperméable au cynisme et au sentimentalisme, l'innocence ambivalente est sondée à partir de l'altérité, de l'identité, de la religion et de la nature. Sont précisés les procédés de distanciation qui projettent le littéral vers le figuré, le concret vers l'abstrait, le personnel vers l'impersonnel ainsi que les liens des consciences psychologique, morale, percevante et imageante. Entre euphémisation et dramatisation, la sobriété sous-tend un romantisme discipline : de l'aimé(e), au moi, à dieu et au monde, l'autre se dessine à la croisée du corps, du cœur, de l'esprit et de l'âme, dans le cycle qui ramène l'étendue mouvante au point fixe, le devenir historique à l'instant mythique, le temps profane à l'éternité sacrée. Sur la tangente dialectique de la sensibilité et de l'intellect, de la raison et de la déraison, du doute et de la croyance, du sujet et de l'objet, se révèle alors un existentialisme chrétien ordonné autour de la chute et de l'incarnation, avers et envers d'une représentation tragique visitée par la grâce.