L'idée de monstre au XVIIIe siècle : savoirs et fantasmes
Auteur / Autrice : | Patrick Graille |
Direction : | Michel Delon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
''Qu'entendez-vous donc par un monstre ?'' en partant de l'interrogation formulée par Diderot, de sa traduction de Shaftesbury (1746) aux Éléments de physiologie (1781), cette thèse s'efforce d'explorer diverses facettes de la monstruosité au XVIIIe siècle. Dans une perspective pluridisciplinaire, qui se situe au carrefour de l'histoire des idées - en particulier celle de nature -, l'histoire des sciences - notamment celles de la vie et de la médecine -, et une histoire culturelle élargie qui englobe la littérature et la philosophie, l'esthétique et l'ethnologie, la religion et la justice, ce travail tente de faire valoir l'originalité et la fonction essentielles du monstrueux dans l'imaginaire de l'époque. Objet de savoirs et de fantasmes, le monstre reste un ''paradoxe'', pour reprendre le mot de Linné, irréductible à l'uniformité de la nature et à la raison postulées par les contemporains de l'encyclopédie. Tantôt trop plein, tantôt trop vide de sens, il renvoie aux savants et aux profanes des représentations contradictoires d'ordre et d'optimisme, mais également de désordre et de souffrance, qui d'une approche des corps s'étendent à une vision de l'univers. Participant aux bouleversements épistémologiques du siècle, son ambivalence sert de révélateur et de repère chez les uns, de ''dérégulateur'' et de prétexte à l'égarement chez les autres, de principe normatif ou transgressif, en somme ''d'empêcheur de penser en rond.