Figures de l'Occupation dans les romans de Patrick Modiano
Auteur / Autrice : | Baptiste Roux |
Direction : | Jean Touzot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Les années d'occupation ont marqué Modiano à un point tel qu'il est très peu d'œuvres de cet auteur à ne pas renvoyer, de manière explicite, à cette période. Afin de saisir toute la portée du traumatisme généré par les « années noires », et de comprendre comment celles-ci ont pu façonner, a posteriori, l'identité du romancier, il a paru intéressant d'articuler la réflexion autour de trois pôles principaux, susceptibles de rendre compte de toute la complexité des rapports entretenus avec la seconde guerre mondiale, et d'illustrer l'évolution de ceux-ci entre la fin des années soixante et le début des années quatre-vingt-dix. Un premier développement concerne la peinture de l'époque, qui mêle le fantasme à l'exactitude de la reconstitution. Les romans de la première période sont caractérisés par l'ambivalence des choix narratifs, Modiano apparaissant incapable d'effectuer le départ entre la fantaisie de la recomposition et l'exactitude historique. Ce vacillement explique le chaos qui préside à l'organisation des récits, auquel est consacré le deuxième moment du développement. Dans les premiers romans, en particulier, l'écriture vient épouser le bouleversement moral et psychologique de la période, rendant de ce fait très difficile le travail de catharsis auquel Modiano entend se livrer. De fait, l'occupation semble fonctionner à la manière d'une zone-écran, de sorte que les mécanismes d'écriture mis en place semblent se retourner contre leur créateur. Enfin, l'interrogation sur la période prend en charge une réflexion sur le statut de l'être, la place qu'il occupe dans le monde et la légitimité conférée à son existence.