La lecture à voix haute de poèmes à Paris (1977-1995)
Auteur / Autrice : | Floriane Gaber |
Direction : | Alain Viala |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et linguistique françaises et latines |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Au milieu des annees 70, la lecture de poemes a voix haute a paris est liee au prestige d'un repertoire patrimonial servi par des comediens. L'image de la poesie est floue, minoree; fruit d'une evolution debutee au xixeme siecle, visant a l'autonomie de la litterature et a son fonctionnement selon une logique de production restreinte. Dans ce contexte, afin de consolider le sous-champ poetique et de renforcer leurs positions, les poetes recourent a la lecture a voix haute comme strategie de diffusion de leurs textes et imposent leur mode d'oralisation, aux antipodes de l'interpretation par lescomediens et des performances des poetes sonores, aux confins des arts plastiques et de la musique. La presence physique du poete, venu a la rencontre du public, s'inscrit dans une logique d'action culturelle qui, a l'epoque, passe d'un schema malrucien du "coup de foudre" pour l'oeuvre a une logique "annees lang" du "pouvoir au createur". Mais malgre le souhait exprime d'augmenter le public de lapoesie contemporaine, les lectures a voix haute par les poetes ont surtout eu pour effet d'elargir le cercle des lecteurs deja "pratiquants". Echec ou, au contraire, parfait aboutissement d'une logique de production restreinte, fonctionnant en autarcie? en ayant recours a un outil de diffusion "hybride", qui releve des champs artistique, culturel et mediatique, mais en lui accordant une valeur d'authentification par la lecture de l'auteur lui-meme, les poetes contemporains ont en fait reussi a imposer leur conception de la poesie et de la litterature, tout en consolidant leurs positions. Un veritable elargissement des publics ne peut s'effectuer en resistant aux fonctionnements et aux enjeux du champ du pouvoir (dont les medias et le marche), et des pratiques amateurs qui s'y developpent. Mais ce seraient les notions memes de litterature et de culture qui se verraient la bousculees.