Thèse soutenue

Discours d'auschwitz : litterarite, representation et symbolisation dans les récits de déportation du complexe auschwitzien (1955-1995) et leurs exegeses

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Auteur / Autrice : Karla Grierson
Direction : Jean Bessière
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 3

Mots clés

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Résumé

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Cette étude part d'un constat troublant : l'ignorance et le refoulement de la parole (écrite) des survivants dans les commentaires sur la déportation et le génocide hitlériens. A partir de 51 récits de vie sur Auschwitz en français, anglais, allemand et italien, ainsi que d'un corpus étendu de travaux critiques, nous confrontons la communication de l'expérience voulue par les rescapes avec la revendication du ''silence'' qui caractérise bon nombre d'exégèses. Il ne s'agit pourtant pas du décryptage du vécu, mais uniquement de la représentation ou la façon de l'exprimer. Après la brève présentation du cadre historique des récits, la première partie de notre étude, dressant le bilan des commentaires critiques sur l'écriture de la déportation et du génocide, ainsi que des situations biographiques des auteurs des récits, se consacre précisément a démontrer la distinction entre le récit et l'expérience, qui confère aux écrits des survivants leur caractère littéraire ou littérarité. Cette idée, présentée de manière hypothétique, trouve sa confirmation empirique dans la deuxième partie du travail, dans laquelle le lecteur découvre le vaste univers scripturaire crée par les rescapes d’Auschwitz, qu'une minorité de commentateurs, dans le cas des quelques récits les plus connus, ont tenté d'éclaircir. La représentation de l'expérience d’Auschwitz ne se limite pas à la simple description des personnes, lieux et situations, et si ceux-là restent prédominants dans beaucoup des cas, les récits tendent aussi à transmettre leurs messages par des voies moins directes, que nous pouvons appeler des symboles et une symbolique propres. C’est ainsi, nous le voyons dans la troisième partie de l'étude, que les rescapes sont parvenus à représenter ce qui est difficile à décrire d'une manière littérale : le génocide. Pourtant, si les récits des survivants ont été capables de représenter, voire transcender l'expérience par l'expression symbolique, on ne peut pas dire autant de la partie des tentatives de symbolisation venant des exégèses qui soit même aux propos creux sur le ''silence'' et ''l'indicible'', soit gomme la particularité du vécu d’Auschwitz par un discours fourre-tout sur ''Auschwitz'', mot-valise pris comme symbole de la shoah, de l'ensemble des crimes nazis, ou même de la barbarie au 20e siècle.