Thèse soutenue

La Revue des Deux Mondes, de Buloz à Brunetière : de la belle époque de la revue à la revue de la Belle Epoque

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Auteur / Autrice : Thomas Loué
Direction : Alain Corbin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Des années 1830 aux années 1880, la revue des deux mondes connut une phase d'expansion exceptionnelle qui lui conféra une position hégémonique dans le monde des revues et dans l'espace intellectuel. Ce sont les structures d'un espace public restreint qui rendirent possible cette période faste : forte contrainte du champ imprime, production intellectuelle encore réduite, etc. . . Avec l'installation de la république dans les années 1880, la revue des deux mondes fut confrontée à une libéralisation en profondeur des conditions de production du champ intellectuel, et les conditions de son développement antérieur se trouvèrent donc remises en cause. On s'est intéressé ici à l'étude de ce processus qui vit la position dominante de la revue ébranlée. Après la période de puissance qui fonda sa position hégémonique, on s'est donc attaché à mettre en lumière l'inadéquation croissante de la revue des deux mondes et du nouvel environnement socio-historique porte par la libéralisation des cadres sociétaux, qui se traduisit notamment par l'inflation de l'imprimé périodique et une concurrence accrue. Ce fut pour la revue des deux mondes ce que l'on a appelé la période de mal-être. On s'est attaché en dernier lieu à la manière dont celle-ci tenta de compenser la perte d'une position institutionnelle dominante par un renforcement de la parole et par l'affirmation d'une modalité de différenciation d'ordre idéologique. C'est ainsi que l'on peut expliquer, à partir du milieu des années 1890, ce que l'on a qualifié de plongée en contre-culture et qui fit se rencontrer la revue des deux mondes et une autre victime de la démocratisation de la société : la France catholique. Dans cette rencontre, le passage des Buloz à Brunetière s'avéra décisif puisque si les premiers restaient avant tout des entrepreneurs des lettres, le second bénéficiait d'un statut d'intellectuel qui lui permit de porter la parole de la revue, favorisant ainsi l'identification de l'institution et de l'idéologie. D'une revue d'auteurs, la revue des deux mondes était devenue une revue de combat, essentiellement identifiée à son public.