Thèse soutenue

Temps et humanisme radical : Nietzsche et Levinas : essai d'interprétation des présences de Nietzsche dans la pensée de Lévinas

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Auteur / Autrice : Souleymane Coulibaly
Direction : Jacques Colette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Faute d'avoir prêté attention aux propos laconiques de Levinas concernant la pensée nietzschéenne et d'avoir évalué la présence marginale de Nietzsche dans le corpus levinassien, l'on a manqué d'établir entre eux une conjonction afin de comparer leurs pensées au sein de l'histoire de la philosophie. Pourtant, le rapport de Levinas à la pensée nietzschéenne est à la fois riche et diverse. Après l'établissement chronologique des contextes de ces propos laconiques, notre interprétation met en lumière leurs teneurs problématiques et délimite des espaces ou ces deux penseurs se croisent en s'opposant. On constate que le rapport de Levinas à Nietzsche se caractérise d'abord par une critique socio-historique, en soi polémique, de certains philosophèmes tels que la volonté de puissance, la philosophie à coup de marteau et une opposition à l'herméneutique nietzschéenne, à la lumière de l'actualité politique du XXe siècle; puis par une prise en compte de la probité intellectuelle de Nietzsche combinant extrême sincérité, biographie et tragique. Enfin, constamment Levinas interpelle Nietzsche sur le statut du sujet moderne. Et en des sens différents, Nietzsche comme Levinas exigent un arrachement radical de la subjectivité à l'être, impliquant une critique conjointe de la conscience réflexive et de l'intentionnalité. En poussant à l'extrême les conditions théoriques de l'éclipse de la conscience, ils aboutissent aux paradoxes du dé-saisissement de soi par soi : dépossession déclin de la subjectivité (passivité psychodramatique) ou conscience ascensionnelle, condition théorique de toute œuvre d'individuation. S'ils tiennent, sur bien de problèmes évoqués, des positions irréductibles, on peut néanmoins comparer leurs critiques du sujet de la métaphysique classique. Car Levinas reconnait l'originalité de l'éternel retour et admet les présupposés critiques des maitres du soupçon, Marx, Freud et la jeunesse de mai 68, contre l'humanisme. Partant, le socle comparatif de leurs conceptions de la subjectivité et la conjonction Nietzsche et Levinas ne pouvaient faire l'économie des thèmes de l'athéisme, de l'historicité et de la rédemption.