La cécité et les aveugles dans la société française : représentations et institutions du Moyen-âge aux premières années du XIXe siècle
Auteur / Autrice : | Zina Weygand |
Direction : | Alain Corbin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette étude historique part du constat des difficultés rencontrées aujourd'hui par les personnes aveugles pour s'intégrer dans notre société, et ce malgré la législation concernant les personnes dites ''handicapées'' élaborée tout au long du XXe siècle ; elle tente de mettre en évidence l'influence réciproque, mais non simultanée, entre représentations et traitement social de la cécité et des aveugles dans la société française, du Moyen Age aux premières années du XIXe siècle. En effet, si les interrogations des philosophes sensualistes et le basculement des sensibilités survenu au cours du XVIIIe siècle à l'égard des déficients sensoriels sont bien à l'origine d'un épisode crucial de l'histoire des aveugles : la création à Paris, en 1785, par Valentin Haüy et la société philanthropique, de la première institution au monde destinée à l'éducation collective des aveugles de la classe indigente, en revanche, la permanence d'une institution charitable fondée au XIIIe siècle par Saint-Louis : l'hospice des quinze-vingts, favorise pour sa part la persistance de représentations anciennes, postulant l'incapacité des aveugles pauvres à s'insérer socialement par l'éducation et le travail. Aussi, en octobre 1800, le gouvernement consulaire - soucieux d'économies budgétaires - peut-il arguer de l'existence et de l'ancienneté de cet établissement, pour ordonner que lui soit rattachée l'institution fondée par les philanthropes à la fin de l'ancien régime et nationalisée par les constituants en 1791 (dont il veut faire un atelier de charité). Un moment compromise par les aléas de la vie politique française, et par la persistance d'un établissement et de représentations sociales séculaires, l'innovation née en France de l'esprit des Lumières va pourtant se diffuser peu à peu en Europe dès les premières années du XIXe siècle, avant de connaitre un nouvel essor dans son pays d'origine.