Les peintres devant l'écriture : les représentations de l'écriture dans le discours de quelques peintres : de Delacroix à Dubuffet
Auteur / Autrice : | François Quet |
Direction : | Gilbert Lascault |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Résumé
Qu'est-ce qu'écrire pour un peintre ? L'analyse des propos explicites tenus par un petit nombre d'artistes (Delacroix, Fromentin, Moreau, Matisse, Gauguin, Giacometti, Hélion, Dubuffet) s'accompagne ici de la description des ressources stylistiques déployées par chacun d'eux, stratégies révélatrices de leurs représentations de l'écriture. On observe d'une part que ces essais d'écriture sont en tous points dominés par le modèle du littéraire, et d'autre part que les solutions adoptées pour résoudre des problèmes difficiles (en particulier celui de la référence) constituent les éléments d'une véritable poétique. L'excuse pour une maladresse supposée appartient au rituel de l'écriture de l'artiste ; cette même maladresse, revendiquée, devient la condition d'une écriture originale qui se développe en toute liberté sous forme de notes, de correspondance ou de journal intime ; en cela, elle échappe aux contraintes de perfection et d'achèvement liées au livre, elle permet d'autres figures, libres celles-ci, empruntées au vocabulaire de la discontinuité, de l'improvisation, de l'association d'idées ou des jeux avec le signifiant. L'écriture des artistes n'est finalement qu'un exemple de ce que peut être et de ce que peut faire une écriture amateur, ordinaire en ce sens qu'elle est étrangère aux enjeux institutionnels de l'art et de la littérature ; elle est cependant disponible pour une lecture littéraire, qui exige du texte qu'il soit à la fois porteur d'un sens et d'un jeu avec le matériau linguistique, dans la mesure ou loin de les effacer, elle manifeste constamment les traces de son énonciation.