Thèse soutenue

Lacenaire : un monstre dans la société de la Monarchie de Juillet

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Auteur / Autrice : Anne-Emmanuelle Demartini
Direction : Alain Corbin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Cette recherche s'inscrit dans la perspective d'une histoire des représentations, des anxiétés sociales, des figures de l'altérité et d'une histoire des singularités. Posant le monstre, créature de l'imaginaire, comme un objet d'histoire, elle est centrée sur le travail social de construction d'un monstre qui s'est opéré au cours de l'affaire Lacenaire qui a défrayé l'actualité au tournant de l'année 1835-1836. Criminel atypique, parce que d'origine bourgeoise, instruit et doué, le célèbre assassin-poète Pierre-François Lacenaire a été considéré comme un monstre par ses contemporains et s'est lui-même voulu tel, inventant par la monstruosité revendiquée, une figure neuve d'infamie. Étudiée à la lumière de la figure du monstre, l'affaire Lacenaire apparait comme un remarquable point d'entrée dans l'imaginaire de la monstruosité, et plus largement, dans l'imaginaire social des premières années de la monarchie de juillet. Dans la figure d'un monstre rebelle aux catégories traditionnelles d'intelligibilité, figure profondément ambiguë entre humanité et inhumanité, entre identité et altérité, s'expriment les inquiétudes d'une époque, écartelée entre un passé obsédant et un avenir incertain. Projetant ses démons dans le monstre Lacenaire, monstre politique, monstre criminel, monstre bourgeois et monstre romantique, la société les a aussi avec lui exorcisés, Lacenaire ayant contribué à fonder le grand tournant conservateur de la monarchie de juillet.