L'étudiant européen voyageur, un nouvel "étranger" : aspects de l'adaptation interculturelle des étudiants européens

A new "stranger", the travelling European student : aspects of intercultural adaptation for European students

• Auteur / Autrice : Elizabeth Murphy-Lejeune
• Direction : Philip Riley
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences du langage
• Date : Soutenance en 1998
• Etablissement(s) : Nancy 2

Mots clés

Mots clés contrôlés

Éducation interculturelle

Intégration sociale

Europe

Étudiants étrangers

Résumé

Quels sont les caractères de l'expérience de l'étudiant européen voyageur en séjour d'un an dans une culture autre que la sienne ? Notre réponse met en scène deux ensembles de données. Le premier ensemble s'articule autour du concept de "l'étranger", définit par Simmel (1908) et intègre un corpus de textes appartenant à la sociologie de l'étranger qui analysent les caractères de ce nouveau "type social" et mettent en évidence diverses figures d'étrangers. Nous supposons que l'étudiant voyageur constitue une variante de ce kaléidoscope dans des conditions sociales autres. Le second ensemble comprend les données recueillies en situation d'entretien auprès de cinquante étudiants européens représentant trois cas d'insertion distincts, au terme de leur année à l'étranger. Au travers de leur témoignage, l'expérience de mobilité temporaire de l'étudiant se définit, dans ses aspects tendanciels et singuliers dans les champs spatial, temporel, social, relationnel et symbolique. L'expérience étudiante dans le contexte européen implique un apprentissage de l'espace, variable en fonction des contextes d'insertion qui invite à repenser l'espace vital comme portable et global. Sa position temporelle met en évidence l'équilibre délicat entre permanence et précarité, entre le fil continu qui inscrit le voyage dans une trajectoire personnelle et les risques de l'aventure recherchée. La position sociale de l'étudiant voyageur, entre distance et proximité, appartenance et rupture, constitue un rite de passage qui met à l'épreuve son initiative pour s'aménager un territoire familier et se construire un tissu social. Les stratégies mises en oeuvre font apparaître ses compétences d'adaptation et en particulier le rôle crucial joué par le capital linguistique et les compétences communicatives dans ce processus de re-socialisation.

What are the characters defining the experience of travelling European students during their year abroad in a culture other than their own ? Two types of data support our answers. The first set of data hinges on the concept of "the stranger" set out by Simmel in 1908. It embraces a collection of texts belonging to the sociology of the stranger where this new social type is analysed and various representations of strangers are outlined. Our hypothesis is that travelling students represent an alternative form, albeit in different social conditions, of this kaleidoscopic set. The second type of data includes material collected during interviews with fifty European students, in three different institutional contexts, at the end of their year abroad. Through these narratives, the temporary form of mobility which the students' experience represents is revealed in its general and singular aspects and analysed in terms of their special position in space, in time and in the social field. The student experience in a European context implies having to learn new spatial conditions and discovering that space may be portable and global. The traveller's position in time brings to light the delicate balance between permanence and precariousness, between the continuous line which induces one individual to travel and the hazards of a coveted adventure. The social position of travelling students between distance and proximity, membership and discontinuity, represents a rite of passage which put to the test as well their sense of initiative and their competence to establish a familiar territory and a social fabric for themselves. The strategies they avail of demonstrate their adaptative competence and more specifically the paramount importance of their linguistic capital and communicative competence in the socialisation process.