L'organisation subsociale d'Amaurobius ferox : modèle pour l'étude des phénomènes sociaux chez les araignées
Auteur / Autrice : | Kil-Won Kim |
Direction : | Bertrand Krafft |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Nancy 1 |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université Henri Poincaré Nancy 1. Faculté des sciences et techniques |
Résumé
Il est généralement admis que les araignées sociales vivant en sociétés permanentes et coopératives ont évolué à partir d'espèces solitaires, en passant par des étapes intermédiaires, similaires aux espèces subsociales actuelles. Ces espèces, ou les jeunes reçoivent des soins maternels et mènent une vie commune de durée variable, peuvent fournir des informations précieuses sur les processus sociaux. C’est pourquoi nous avons entrepris l'étude de l'une d'entre elles, commune dans nos régions, Amaurobius ferox. L'intérêt d'Amaurobius ferox réside, d'une part, dans la manière originale dont les jeunes sont nourris par la mère, puisqu'elle constitue la source unique de leur alimentation, d'autre part, dans le fait que les jeunes ont, après la mort de la mère, une période de vie commune pendant laquelle ils présentent une activité prédatrice. L’alimentation des jeunes par la mère se fait à deux reprises : consommation d'une ponte trophique, puis consommation de la mère elle-même. L’analyse montre que ces deux phénomènes résultent d'interactions mère-progéniture. Après la mort de la mère, les jeunes continuent à rester groupes et à se tolérer. On observe de nombreuses activités collectives, dont des mouvements synchronises en présence d'intrus, et surtout une coopération lors de la prédation. L’étude expérimentale montre que l'efficacité de la prédation augmente avec le nombre de participants, un groupe de jeunes maitrisant des proies beaucoup plus grosses que ne le peut un jeune seul. Ces activités collectives semblent résulter des interactions entre jeunes, on aurait donc affaire a des phénomènes d'auto-organisation. Cette étude montre l'intrication entre phénomènes maternels et phénomènes sociaux. Elle suggère également que la coopération représente une caractéristique émergente au sein des groupes sociaux, caractéristique qui pourrait, à son tour, faciliter l'évolution vers les sociétés permanentes.