Thèse soutenue

Mythologies politiques du cinéma français : les figures du pouvoir de 1968 à la fin des années 1980

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Auteur / Autrice : Yannick Dehée
Direction : Pierre Milza
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire du XXe siècle
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Résumé

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Ce travail analyse la mise en scène de quelques élites dans les succès du cinéma français depuis 1968. Etudiant la production, le contenu et la réception des films, on évalue leur contribution aux cultures politiques. L'accent est mis sur l'effet de socialisation du film qui situe le citoyen dans la société dont il lui dévoile les règles cachées. L'oeuvre est analysée comme un mythe politique, une fiction conventionnelle, lisible, laissant au spectateur une marge d'interprétation. Le respect des genres établis, des intrigues répétitives, l'omniprésence des stars et des allusions à l'actualité permettent à chacun de s'y orienter. L'étude de la fréquentation débouche sur l'analyse des succès en salles selon une métaphore de contagion sociale. La première partie établit l'influence de la production sur le contenu des films. La censure politique est démantelée entre 1968 et 1975, mais une contrainte économique subsiste: investisseurs et stars ont soin de perpétuer des recettes éprouvées. On obtient des films-concepts dont la trame est peu audacieuse. Les scénarios s'appuient sur des traditions narratives telles que le règne de l'argent, la corruption des élites, l'omniprésence des complots et le fantasme du renversement des hiérarchies. La deuxième partie évoque l'irruption brutale, à partir de 1968, de la politique dans une fiction de gauche ; qui met en scène des scandales récents, et le cinéma dominant qui suit la mode politique et privilégie les héros policiers incarnés par Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo et Alain Delon autour de 3 pôles d'identification : le légitimiste, le critique et l'individualiste. La troisième partie montre comment le cinéma décrypte le monde des puissants. On observe le cynisme du pouvoir au sommet de l'Etat (le bon plaisir) et dans l'entreprise (inquiétants patrons, multinationales manipulatrices. . . ). Les chefs sont aussi dévoilés dans leur perversion sexuelle, qui dissimule une peur du pouvoir au féminin. La quatrième partie suit les mutations de la fréquentation et des films au cours des années 1980. La télévision domine les médias, le public des salles se fait plus jeune, urbain et éduque. On écrit des films plus en prise sur la diversité sociale, ou de jeunes héros policiers offrent un nouveau modèle, entre juge de paix et assistante sociale. - c'est le reflux des élites à l'écran.