Thèse soutenue

Soigner ou prendre soin des toxicomanes : anatomie d'une croyance collective : analyse historique du champ de la toxicomanie en France de 1970 à 1995 ou l'histoire de la domination d'un paradigme

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Henri Bergeron
Direction : Erhard Friedberg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Résumé

FR  |  
EN

Jusqu'en 1994, le dispositif français de soins aux toxicomanes ne comptait que 77 places de méthadone alors que celui des autres pays occidentaux en comportait au moins cent fois plus. Comment expliquer que la méthadone ait été refusée pendant aussi longtemps comme possibilité thérapeutique ? La réponse la plus souvent invoquée a trait à la domination qu'a exercée très longtemps le paradigme psychanalytique sur le modèle de soins français : ce refus prolongé s'expliquerait par le fait que la majorité des soignants français a endossé la psychanalyse comme grille de lecture principale du phénomène toxicomanie : si la toxicomanie est le symptôme d'une souffrance psychique profonde, la méthadone se contente de substituer une dépendance par une autre. Il s'agit donc, dans cette thèse, de répondre à deux questions principales : comment expliquer l'avènement de la psychanalyse comme grille dominante ? Comment expliquer que cette perspective thérapeutique et le cadre d'intervention qu'elle impliquait sur le terrain aient pu se maintenir en l'état jusqu'en 1994 ? Notre postulat théorique est qu'il n'existe guère d'action sans croyance. Du coup, l'objectif de la thèse consiste à comprendre, à l'aide d'une vaste enquête historique, quelles ont été les bonnes raisons qu'ont eu les acteurs d'agir tel qu'ils l'ont fait. En l'espèce, nos questions peuvent se reformuler de la façon suivante : pourquoi ont-ils adhéré aux propositions, normes, valeurs contenues dans le paradigme psychanalytique ? Pourquoi ont-ils continué aussi longtemps à les endosser ? Pourquoi ont-ils persévéré à croire que les propositions telles ''l'abstinence doit être l'objectif prioritaire de la politique française de soins'', ''la psychanalyse est la technique adéquate'', ''la méthadone ne doit pas pénétrer le dispositif de soins français'', etc. , étaient justes, vraies ou légitimes alors que, dans d'autres pays, nombre de soignants avaient révisé leurs croyances bien avant ?