Thèse soutenue

Mémoires romaines

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Auteur / Autrice : Catherine Baroin
Direction : Florence Dupont
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : École pratique des hautes études (Paris). Section des sciences religieuses

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'étude porte sur les formes diverses de la mémoire (memoria) et de l'oubli (oblivio) à Rome, dans le monde de l'élite aristocratique urbaine, du Ier siècle av. J. -C. Au IIe siècle ap. J. -C. La recherche part du lexique latin et les sources sont surtout littéraires. La mémoire est une caractéristique identitaire du citoyen romain. Développée et entraînée par l'éducation, elle est indispensable a la maîtrise et a la pratique de l'art oratoire, mais surtout elle rend possible la constitution de soi par l'imitation d'un modèle (exemplum) ancestral. La mémoire est un attribut des membres de l'élite, qui détiennent le savoir politique, religieux et juridique, et, en particulier, du prince. D'autre part, la mémoire règle les rapports sociaux et politiques qui reposent sur un échange de services (officia), de bienfaits (beneficia) et sur une reconnaissance (gratta) mutuelle. L'oubli est généralement une faute, morale et relationnelle, mais il est aussi régulateur de conflits. La mémoire n'a donc pas pour seul objet le passe, mais elle est aussi mémoire de valeurs, mémoire du présent et mémoire d'action, puisqu'elle détermine des conduites morales et des actes. En second lieu, la thèse s'intéresse aux lieux de mémoire et d'identité. Les hauts lieux de la culture grecque (villes, sanctuaires, sites épiques) en dehors de l'urbs, et, dans l'urbs, les lieux ou se trouvent des monument a et des traces (vestigia) renvoyant a des hommes du passe, sont l'objet de stratégies qui visent a une appropriation symbolique. Celle-ci se fait par l'ajout d'une trace (inscription, statue), la restauration ou parfois la destruction des monumenta. Enfin, l'étude des arts de la mémoire (artes memoriae), qui reposent sur l'utilisation de loci et d'imagines, tente de reconstituer ces artes comme pratique, en particulier en examinant les modes de parcours et de déchiffrement de lieux réels (notamment la maison). De plus, cette étude confirme que la memoria n'est pas un substitut de l'écriture.