Contestabilité, configuration industrielle hétérogène et adaptations des firmes : applications économétriques sur données d’entreprises ivoiriennes
Auteur / Autrice : | Karine Chapelle |
Direction : | Jean-Yves Lesueur |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Clermont-Ferrand 1 |
Mots clés
Résumé
La forte concentration industrielle du secteur manufacturier de la Côte d’Ivoire a souvent été expliquée par les diverses imperfections des marchés, les caractéristiques propres aux pays en voie de développement (thèse du « Missing Middle ») et par la trop forte intervention étatique. Mais force est de constater que ce caractère asymétrique de la structure industrielle n’est pas propre aux pays en voie de développement [Audrestch (1995), Geroski et Schwalbach (1991)]. L’objet de cette thèse est de proposer une explication alternative à cette hétérogénéité de la structure industrielle. La survie des firmes de technologies et de tailles différentes ne serait que le résultat de l’intensité de la concurrence. Deux voies de recherche ont été adoptées : la première vise à démontrer qu’une structure hétérogène même oligopolistique peut être une configuration industrielle naturelle de long terme [Baumol, Panzar et Willig (1982)]. L’asymétrie de la distribution par taille ainsi que la forte concentration industrielle ne seraient pas en Côte d’Ivoire les résultantes d’une concurrence imparfaites. La seconde vise à montrer que le caractère entrepreneurial et dynamique de l’entrée peut également expliquer une telle dispersion par taille des entreprises. En effet, comme dans les pays développés, la Côte d’Ivoire connaît de fortes turbulences liées aux entrées et sorties des firmes. Les conclusions de cette thèse sont les suivantes. Tout d’abord, la contestabilité des marchés est suffisante pour obliger les firmes à se comporter comme dans un marché proche de la concurrence pure et parfaite et ceci même dans le secteur moderne. Les entrepreneurs sont effectivement contraints par les problèmes d’accès aux crédits lors de la création d’entreprises mais le capital humain, le réseau d’apprentissage ainsi que la possibilité de s’associer avec d’autres salariés leur permettent de contourner de telles contraintes. En revanche les difficultés de croissance des firmes ne sont pas dues aux traditionnels problèmes d’accès aux crédits mais aux problèmes d’accès aux technologies modernes et à la connaissance technologique. Le capital humain et le transfert technologique issus des employés expatriés jouent par conséquent un rôle central dans la survie et la croissance des firmes. De plus, cette contrainte de liquidité ne semble pas affecter non plus la survie des firmes (et donc l’efficience technologique des firmes). Les firmes en Côte d’Ivoire sont sélectionnées sur leur capacité d’adaptation. (Modèle d’apprentissage passif de Ericson et Pakes (1995)] contrairement aux pays développés où opère une sélection insidieuse telle que décrite par Jovanovic (1982) [Audrestch (1995)]. En effet, les taux du hasard des firmes ivoiriennes indiquent un sentier de dépendance positive. Le taux de hasard augmente avec l’ancienneté des firmes. Les PME ivoiriennes sont face à un dilemme technologique. En effet, si elles optent pour la technologie flexible pour répondre aux fluctuations de la demande, celles-ci ne peuvent en revanche adopter une technologie dynamiquement efficiente et ne peuvent donc croître.