L'Imaginaire paradoxal ou la création absolue dans les oeuvres dernières de Samuel Beckett
Auteur / Autrice : | Jean-Paul Gavard-Perret |
Direction : | Jean Burgos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Chambéry |
Mots clés
Résumé
Toute la dernière partie de la création becketienne reste encore méconnue. Mais c'est sans doute là que tout se joue. Les derniers poèmes, les pièces télévisuelles et les textes de prose de la dernière période ne constituent pas des appendices. Ils représentent au contraire l'aboutissement de la problématique de l'oeuvre et permettent d'en comprendre son mouvement général. Ils marquent un effacement de l'image. Images poétiques et images iconiques sont entrainées jusqu'en un point d'effacement pour laisser surgir un cas rare dans l'imaginaire : celui d'un imaginaire sans images. L'imaginaire abandonne ici des domaines traditionnels afin de permettre de pénétrer dans d'autres domaines, dans d'autres langages, jusqu'à un lieu d'écart et de silence. Pour Beckett il faut déchirer le ''voile de la langue''. Et pour cela il va quitter le récit pour le théâtre et le théâtre pour la télévision, en un travail progressif où l'un des paradoxes est - sinon de vouloir - du moins de ne pouvoir faire autrement que de se passer de mots et de se passer d'images. Cet imaginaire paradoxal - déjà en germe dans les premiers poèmes, dans les romans et les pièces théâtrales - va donc prendre un tournant plus significatif dans les courts textes de la fin, dans les pièces télévisuelles et dans les deux derniers poèmes : Mirlitonnades et Comment c'est. C'est là en effet que surgit cette création paradoxale qui aboutit à une sorte d'absence de matière et qui ne forme qu'une sorte de poème ''muet'' dans cette étrange musique du silence. Cette mort des mots et des images est donc ce qui domine l'oeuvre en sa dernière période. Dans les oeuvres dernières cet affaissement de la parole et de l'image ne correspond plus alors à la simple fatigue de parler ou de voir comme c'était le cas auparavant. Ce qui domine est alors la volonté - ou le désir - de pouvoir accéder à un vrai silence, à la volonté - ou le désir - de ne rien voir mais pour voir mieux, de ne rien dire mais pour dire mieux.