Thèse soutenue

Le fantastique dans l'oeuvre narrative d'alexander lernet-holenia

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Auteur / Autrice : Hélène Barrière
Direction : Jean-Jacques Pollet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études germaniques
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Artois

Résumé

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Celebre durant l'entre-deux-guerres dans les pays de langue allemande, l'autrichien alexander lernet-holenia (1897-1976) y est oublie. L'etranger le decouvre a peine. Cette these, la premiere en francais sur l'auteur, etablit la bibliographie jusqu'ici inexistante de ses oeuvres completes et espere faciliter l'acces a ses nombreux ecrits. Le fantastique couvre pres de 40 ans (1930-1969) de sa production (1921-1974). Dans ses recits, lernet-holenia (lh) superpose les strates de signification. Un fantastique discret constitue le premier niveau de lecture. Il organise le texte en recurrences originales en regard de la tradition du genre. Sous chaque motif fantastique se cachent - seconde strate du sens - mythe et legende. La triple origine - greco-romaine, eddique et biblique - des mythologemes invisibles renvoie a la seule histoire qui hante la fiction: celle de l'autriche heritiere de l'imperium romanum et du saint-empire romain germanique. Symbolique, le destin des personnages manifeste la marche de l'histoire, regie par un temps circulaire. Lh n'est pas un chantre nostalgique de l'autriche-hongrie. Son fantastique fait du necessaire effacement de la double monarchie le garant de l'emergence d'un nouveau reich. Lh s'approprie ''l'idee d'autriche'' de hofmannsthal et transpose le pessimisme hofmannsthalien des annees 20 en une construction mariant foi et scepticisme. Le temps cyclique orchestre la renaissance de l'autriche imperiale, tandis que l'ecriture fantastique du mythe dit l'infime probabilite de cette resurrection. Le nazisme, dont lh refuse l'ideologie mais qu'il ne combat pas, par fatalisme, rompt le fragile equilibre. Dans l'apres-guerre, le fantastique - devenu impossible car les nazis ont devoye la mort et donc le mecanisme qui la nie - se dissout dans l'allegorie. Puis la fiction elle-meme se defait sous la pousse de l'autobiographie. Cette deroute narrative montre que le fantastique mythologique cherchait a preserver l'assise d'une identite incertaine. Car l'empire, seul point commun a deux ascendances paternelles concurrentes - lh est-il le batard d'un habsbourg ou descend-il d'officiers venus de namur au 17e s. Pour proteger l'empire des turcs? -, reste l'unique ancrage identitaire. Mort du fantastique, l'autoparodie est l7affirmation ultime d'une identite qui demeure duplicite.