Contribution à l'analyse de la végétation de l'étage des forets semi-décidues de la cote sous-le-vent de la Guadeloupe en relation avec l'anthropisation, la conservation et l'aménagement du territoire
Auteur / Autrice : | Félix Lurel |
Direction : | Jacques Portecop |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences biologiques fondamentales et appliquées, psychologie |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Antilles-Guyane |
Mots clés
Résumé
Les forets semi-décidues occupent d'importantes superficies dans la zone forestière intertropicale et font l'objet d'intenses pressions anthropiques, ce qui rend urgent leur étude. A la Guadeloupe, la foret semi-décidue (88 000 ha selon Dulau, 1956) se rencontre principalement sur la grande-terre, sur la cote sous-le-vent de la Basse-Terre et dans les dépendances. D'après la bibliographie, il existe sur la côte ouest ou cote sous-le-vent de la Guadeloupe une foret sèche particulière. Recele-t-elle un intérêt floristique particulier ? Quelle est sa biodiversité ? Quels sont les groupements forestiers qui la composent ? Cet étage est soumis à une intense activité anthropique caractérisée par des coupes sélectives (recherche d'essences au bois dur ou à valeur économique, production de charbon de bois), défrichements notamment pour des aménagements agricoles, urbains et miniers (ouverture de carrière d'extraction de matériaux). Les paysages varient résultants portent la marque des actions humaines qui s'exercent dans cette région en particulier depuis le XVIIème siècle. C'est donc un milieu fortement anthropien. Quelles sont les conséquences de cette action humaine sur la biodiversité ? Quel est l'état actuel de cette couverture végétale. Dans quelle mesure une analyse phytoécologique peut-elle servir de guide pour la conservation et l'aménagement du territoire ? Nous nous proposons par ce travail de porter un éclairage sur ces différentes questions. Ainsi une étude structurale, floristique, écologique et dynamique a été menée sur 180 km#2 de l'étage inferieur de la foret semi-décidue de la cote sous-le-vent de Guadeloupe en tenant compte de l'histoire du site, du type et de l'intensité des actions anthropiques. La méthodologie adaptée retenue pour une meilleure prise en compte des conditions factorielles a mis en évidence l'originalité de cette couverture végétale et notamment de sa flore. Les espèces les plus communes caractérisent une couverture forestière secondarisée par des perturbations répétées. Il apparait un fort taux d'espèces introduites (naturalisées, cultivées) dans cette flore d'origine antillaise et américaine ou les 3/4 des espèces sont indigènes. Sept communautés végétales et leurs relations avec les principales caractéristiques de l'environnement ont été cartographiées après leur mise en évidence et caractérisation à l'aide de techniques d'analyses numériques multivariées. Les fréquences et abondances des principales espèces dans les groupements sont examinées. La canopée moyenne varie de 6 à 20 m de hauteur. Les surfaces basales oscillent entre 16,7 et 51,5 m#2/ha. D'un groupement a l'autre, la contribution des petites tiges varie entre 5 et 15% de la surface terrière. La densité des tiges 5 cm de circonférence (1,6 cm dB) atteint 13 000 tiges/ha. La plus forte densité est trouvée pour le groupement 4 avec 16 656 tiges/ha. La distribution par classe de diamètre montre que les arbres à dB 30 cm constituent moins de 1% de l'effectif arbore. Les groupements côtiers (bioclimat sec 1) facilement accessibles présentent une canopée généralement plus basse, une structure plus simple ; une densité de tiges plus faible et une composition floristique moins riche que les groupements de l'intérieur (bioclimats 2,3,4) moins humanises, moins secs et renfermant moins de petits diamètres. Les perturbations anthropiques passées et actuelles ainsi que leurs effets sur le déterminisme, la physionomie et l'évolution des communautés végétales sont analysées. Une réflexion sur la dynamique a permis de préciser les relations entre groupements, leur Age ou degré d'avancement ainsi que le comportement des essences. La place et la participation des principales espèces dans la succession sont précisées. Des comparaisons sont faites avec des forêts tropicales d'autres régions et permettent de situer la foret semi-décidue de la Guadeloupe au sein du contexte international et par rapport à la nomenclature de l’Unesco. Un appauvrissement de la biodiversité et une raréfaction des espèces indigènes sont enregistrées. Plusieurs espèces autrefois fréquentes et abondantes sont désormais réduites à quelques stations et voient leurs populations se limiter à quelques individus. Les résultats phytoécologiques permettent de formuler des recommandations pour un programme d'aménagement rationnel et durable incluant des propositions de sauvegarde d'habitats, de réhabilitation et d'enrichissement de groupements forestiers et de protection d'espèces en danger. .