Les montagnes françaises 1940-1944 : des montagnes-refuges aux montagnes-maquis
Auteur / Autrice : | François Boulet |
Direction : | Pierre Laborie |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Résumé
Trois chronologies, trois topographies et trois morales, se dégagent de cette ''géohistoire'' (Fernand Braudel) des montagnes françaises entre 1940-1944. D'abord, les ''pays'' montagnards du maréchal Pétain de 1940 à 1942, où le genre de vie ou tempérament (André Siegfried) de là-haut se retrouve dans les valeurs traditionnelles. Le patriotisme ''pétinophile'' mais non vychiste y domine, surtout dans les montagnes frontalières de l'Est, germanophobes et italophobes, symbolisées par la ''pointe Maréchal Pétain'' (3507 m. ) du massif du Mont-Blanc et le roman ''Premier de cordée'' du patriote Frison-Roche. C'est le temps, après la défaite, du repli sur soi, du ''bouclier'', à travers une nouvelle montagne alimentaire attractive. Ensuite, de 1941 à 1943, les montagnes deviennent proverbialement ''suisses''. Elles rejettent ouvertement la collaboration et pronent un neutralisme pro-allié. Les marchés noirs et gris prospèrent surtout dans les villages touristiques de luxe qui suscitent touristophobie et judéophobie - à distinguer de l'antisémitisme. En revanche, la montagne protestante réagit moralement et spirituellement en accueillant les Juifs. Enfin, à partir de la loi du S. T. O (16/02/1943), les montagnes deviennent ''balkaniques'' (Winston Churchill), terrain héroïque de l'épopée des ''maquis''. En 1943, les montagnes cachent 100 000 jeunes ''réfractaires'' qui reçoivent l'appui de populations hospitalières et demandeuses d'aides agricoles. Fin 1943, les passions guerrières l'emportent : la montagne devient terrifiante avec les précoces maquis de Haute-Savoie et de Corrèze, jusqu'à la ''capitale des maquis'' Grenoble et les fameux réduits de 1944 : Glières, Mont Mouchet et Vercors. Les autochtones redoutent alors les ''faux-maquis'' et les représailles allemandes. Concluons : la ''belle'' montagne-refuge (village judéo-protestant, montée en masse des réfractaires), et la ''sublime'' montagne-maquis sont à distinguer ; la montagne en marge peut être au centre de l'histoire de la France occupée.