L'Usage de l'oreille selon René Char
Auteur / Autrice : | Patrick Quillier |
Direction : | Georges Mailhos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Essai d'audiocritique sur l'oeuvre de char, ce travail decrit tout d'abord son paysage sonore, ensemble des sons et des bruits retenus par le poeme. Une attention precise est accordee a chacun d'entre eux jusque dans ses plus obscures occurrences. Une deuxieme partie analyse les differents gestes auditifs auxquels char recourt pour constituer son ecoute, les interferences de l'oreille avec les autres organes sensoriels (souvent par couplages binaires, quelquefois par combinaisons plus complexes de trois a cinq sens), ainsi que toutes sortes d'usages seconds de l'ecoute, appliquee a des domaines symboliques, abstraits ou theoriques, tels que les phantasmes, les faits de societe ou l'ethique. On etudie ensuite l'usage proprement philosophique, voire metaphysique que char fait de l'oreille, pour en produire toute une semiologie de l'entendement, inseparable d'une mise en crise du decidable, du discontinu et du binaire, ce qui entraine une gnoseologie auditive specifique, une acroamatique, laquelle permet d'aborder les sons metaphysiques presents dans cette poesie, tels que sons produits par l'''espace'' et le ''temps'', la ''voix'', les ''dieux'', l'''etre''. . . Ouir, ecouter, entendre, tout cela fait de la matiere verbale un corps sonore tout vibrant de ce a quoi l'oreille s'est ouverte. Ce corps sonore est donc faconne par une instance complexe qui consiste, au fur et a mesure que le poeme s'accomplit, a faire parler l'oreille. Tel est l'objet de la quatrieme partie, qui degage les rapports que le ''poetique'' entretient avec le ''musical'', mais aussi avec l'''audible'' en general, considere sous l'angle du ''sonore'' et du ''non-verbal'', et qui passe au crible certaines des figures-clefs du ''poetique'' - au premier rang desquelles se trouve le rythme. L'hermetisme de char est rattache aux obscurites de l'oreille, dont il a fait un usage complexe et subtil, recourant par exemple aux acousmates, qui sont des sons hallucines ou interieurs.