Thèse soutenue

La franciade sur le metier : ronsard et la pratique du poeme heroique

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Auteur / Autrice : Denis Bjaï
Direction : Jean Céard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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Si la mal-aimee franciade suscite depuis une vingtaine d'annees un regain d'interet, elle n'a pas encore fait l'objet d'une etude d'ensemble, qui prenne en compte, davantage que la theorie de l'epopee enoncee dans les arts poetiques, sa pratique effective. Nos outils critiques sont empruntes a la lexicologie (index d'a. E. Creore) et a l'intertextualite. Distincte de celle projetee pour henri ii, ''la franciade de charles ix'' s'ouvre sur une importante ''epistre au lecteur'', qui en laisse percevoir les enjeux. L'action proprement dite commence a buthrote, cette troie contrefaite ou vit un prince cache, engourdi, que des dieux vont venir reveiller. La tempete precipite francus ''dans les erreurs de crete'', l'ile des grands mythes antiques, espace clos ou s'affrontent les forces antagonistes de l'ordre et du desordre, bientot incarnees par le prince troyen et le tyran phovere. Une seconde epreuve attend le heros, aime de deux princesses a la fois dont il doit rejeter l'une et courtiser l'autre. Le dernier livre, ''des plus beaux'' au jugement d'amadis jamyn, fait succeder la magie a l'amour, la lecon d'histoire a l'eschatologie. Cet ample catalogue royal est riche de significations, aussi bien politiques qu'esthetiques. Tout au long des quatre chants, resonnent aux oreilles du lecteur les voix entrecroisees mais assourdies d'homere, d'apollonios, de virgile, d'ovide; et aussi celle de ronsard lui-meme, qui reprend bien des themes et motifs anterieurement traites pour en offrir ici une nouvelle sinon ultime variation. Sa pratique du poeme heroique, affranchie des normes edictees par le theoricien, privilegie l'invention et la varietas, jusqu'a faire de la franciade une maniere de ''roman''. Meme inachevee, l'ambitieuse tentative du vendomois ne devait pas rester sans echo : nous en suivons la reception contemporaine jusqu'en 1578, en meme temps que le long poeme cherche sa place dans le monument des oeuvres.