Météores : Diderot ou l'écriture de la passion
Auteur / Autrice : | Thierry Belleguic |
Direction : | Béatrice Didier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
Le pathos dit l'epistemie turbulente du monde. Il dit aussi semblable turbulence du corps. Point la structure, au sens ou l'entend la mathematique, structure aleatoire, complexe, de cette complexite dont la science contemporaine nous apprend qu'elle problematise le simple passage du local au global. Hors l'espace deparasite de la geometrie classique, hors le determinisme legal d'une physique newtonienne oublieuse de la circonstance, hors les regles contraignantes d'une poetique d'un autre age, l'oeuvre de diderot temoigne d'une veritable passion de la complexite, qui fait signe vers un univers de relations, univers vinculaire ou s'abolit la classique metaphysique de la substance. Des travaux recents (diderot. Le labyrinthe de la relation de pierre saint-amand [1984], nature et liberte chez diderot apres l'encyclopedie, de gerhardt stenger (1994]), appliquant au corpus diderotien une heuristique inspiree des travaux de michel serres, ont su mettre a jour l'importance du questionnement epistemologique de diderot dans des champs aussi divers que ceux de la reflexion musicale, picturale, mais aussi historique, politique et bien sur litteraire. Mais si l'epistemocritique reussit a donner a voir le reseau, a pointer vers les modeles, elle le fait souvent au detriment de l'integrite de son objet, par quoi nous entendons sa textualite, sa litteralite, sa litterarite. Gardant le souci epistemocritique de mettre a jour le savoir qui informe telle ou telle representation, nous nous proposons, tout a la fois, et sans rien ceder ni sur l'un ni sur l'autre, de poser la question de la subjectivite a l'oeuvre dans l'ecriture. Tabulaire, le modele serresien qui est notre est topologique, qui permet la mise en place d'une serie de figures organisee autour du principe d'isomorphie. D'ou l'hypothese suivante: sous-tendue par le pathos, la saisie diderotienne du monde et du sujet s'elabore dans une pratique discursive qui manifeste, dans sa propre economie, le regime pathique qui l'informe. Convoquant successivement les figures de l'interference, du nuage, de la fievre, des vapeurs, et du bruit, qui sont autant de meteores, respectivement des systemes du savoir, du monde, du corps, de la femme, et du sujet comme communication, nous nous proposons de mettre en evidence l'economie taraxique de chacun des systemes convoques.