Thèse soutenue

''Réalité, peinture pure'' : l'oeuvre de Robert Delaunay jusqu'en 1914

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Auteur / Autrice : Pascal Rousseau
Direction : Serge Lemoine
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Art et archéologie
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Si les débuts de Robert Delaunay (1885-1941) dans la peinture de chevalet révèlent une interprétation appliquée des leçons luministes de l'impressionnisme, cette première étape est rapidement transgressée à la suite de sa lecture des traités scientifiques sur la couleur d’Eugène Chevreul et Ogden Rood. Ces ouvrages nourrissent sa réflexion sur le ''contraste simultané'' en lui offrant une loi structurale de la perception des couleurs. Apres avoir expérimenté la touche pavimenteuse du divisionnisme, Delaunay assimile, avec une rare intuition, les leçons spatiales de Cézanne. Attentif aux exhortations futuristes et fasciné par le personnage ''populaire'' du douanier rousseau, Delaunay associe primitivisme et modernité dans une quête de l'origine qui nourrit sa conception ''orphique'' de la lumière. Au code primitif des cubistes du bateau lavoir, il oppose l'argument impressionniste de ''l'œil innocent'' défendu par Laforgue, quand le monde phénoménal peut se réduire à une suite de ''vibrations colorées''. La fenêtre devient le motif idéal pour une application de la conception topologique des couleurs telle qu'elle apparait chez Chevreul. Delaunay maitrise alors l'éclatement prismatique au moyen d'une forme giratoire qui oriente le mouvement du regard sans risque de tensions inhibitrices. Le tableau, devenu avec les formes circulaires un pur transfert d'énergie lumineuse, permet une réflexion d'ordre physiologique sur l'autonomie de la peinture et sa capacité à retranscrire, par la seule rencontre dynamogène des couleurs, l'activité de l'œil tentant d'appréhender l'essence fugitive du monde. Cette réflexion est menée à terme avec le disque simultané (1913), conçu comme une surface étalonnée sur laquelle l'œil viendrait mesurer les limites et l'envergure de sa mobilité.