Thèse soutenue

L'apprentissage de la mort : inquiétude et nostalgie dans l'oeuvre de Proust

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Auteur / Autrice : Agnès Clerc
Direction : Jean-François Marquet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Résumé

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Contrairement au traditionnel « roman d'apprentissage », la recherche n'est pas un « apprentissage de la vie ». Le lecteur assiste, certes, à une réalisation de soi, mais celle-ci, au lieu de s'effectuer au cours du récit, de revêtir l'aspect d'une progression spirituelle advient à la manière d'un évènement, d'une révélation de la mort qui frappe le narrateur et lui découvre brusquement, en une fois, le sens de la tâche qu'il entreprendra. Cette « bildung » instantanée ne peut s'effectuer qu'à deux conditions: elle doit avoir lieu sous la pression du récit, et celui-ci n'être pas orienté vers elle. C'est l'interaction de ces deux conditions que nous examinons à travers la démarche proustienne, démarche dont les étapes ne peuvent être tenues pour les moments d'un processus d'évolution. Après avoir délibéré de la question de la volonté d'entreprendre sa tâche, puis du rôle que la volonté doit tenir dans la constitution de l'œuvre, Proust se décide précisément pour une esthétique de l'indécision, de l'interprétation ouverte du réel. Cette interprétation est surnourrie par le travail de réécriture proustien, lequel révèle à la fois un désir de l'œuvre, et une résistance à l'œuvre, une angoisse et une joie du sort rempli : car nous ne pouvons rencontrer en nous-mêmes le sujet de notre destin sans y rencontrer en même temps son double, qui est notre propre mort. C'est donc la « nouvelle » de celle-ci que nous apprend finalement l'auteur de la recherche.