Thèse soutenue

Beauté et violence : crimes de sang et scènes de meurtre dans la littérature romantique (1823-1848)

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Auteur / Autrice : Christine Marcandier
Direction : Michel Crouzet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1998
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Cette étude porte sur les rapports de la beauté et de la violence dans la littérature romantique (roman, poésie, théâtre, écrits théoriques), à travers le prisme des scènes de meurtre. Elle a pour ambition de montrer comment le romantisme a redéfini, à la suite des Lumières, les critères de la beauté et a opposé aux canons classiques d'ordre et d'harmonie ceux du corps meurtri, appariant grotesque et sublime. En ce sens, les scènes de crime constituent un lieu où ces redéfinitions esthétiques atteignent leur paroxysme, leur pleine visibilité. Placée dans une perspective historique, qui met en valeur l'importance de la Révolution française et de cette scène capitale qu'est la guillotine, notre recherche suit les transformations d'un imaginaire du corps qui passe par la lecture maistrienne du sang, le vitalisme balzacien ou le culte de l'énergie chez Stendhal. Les figures criminelles incarnent cette nouvelle esthétique : femmes vampires, nonnes sanglantes, personnages "exotiques" (le corse, le noir, l'italien. . . ), meurtriers fictifs ou historiques (Lacenaire), tous font du crime une pratique esthétique. Les scènes de crime sont les arts poétiques du romantisme. Le meurtre fait alors l'objet de multiples variations scéniques : corps décapités, mutiles, cœurs profanes, la mort violente est l'occasion d'un spectacle ou le sang s'allie à la volupté. Face à un texte qui exhibe et théâtralise le crime, le lecteur est place en position de voyeur, par un écrivain qui se joue de sa fascination, ironise sur son attrait pour le sang. L'imaginaire du sang et du crime traverse donc le romantisme, nourrit ses scènes, participe à un renouvellement des genres comme du statut du lecteur. La violence constitue une langue : scènes récurrentes, jeux de réécritures, cliches souvent ressaisis par les auteurs sur un mode ironique. La violence est aussi le lieu d'une dérision.