L'éclair immobile dans la plaine : philosophie et poétique du temps chez Lucrèce
Auteur / Autrice : | Sabine Luciani |
Direction : | Alain Michel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études latines |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
La notion de temps occupe une place déterminante dans l'œuvre de Lucrèce, unifiant dans une vision complexe et ambivalente la physique, l'histoire, la morale et la poétique. Le temps révèle en effet la profonde cohérence du De rerum natura, qui loin d'exclure les contradictions, trouve l'harmonie dans la conciliation des contraires. Lucrèce n'a cessé de souligner l’ambivalence du temps parce que le statut particulier qui caractérise cette notion constitue l'expression évidente et lumineuse de son projet global. Mais le temps lucrétien est avant tout épicurien et le poète latin à découvert chez le philosophe grec la notion de temps infini l'originalité principale de la poétique lucrétienne réside dans la transcription latine de la notion grecque d'aion : la durée infinie qui caractérise les mouvements atomiques se traduit chez le disciple par la permanence et l’invariance. Le génie poétique de Lucrèce parvient à transformer le mouvement perpétuel du temps atomique en repos éternel. Le temps infini d'Epicure se mue ainsi en éternité et l'ataraxie s'obtient grâce à la contemplation de la nature éternelle. La méditation sur la mort - repos éternel - est paradoxalement ce qui permet de percevoir la vertu apaisante de l'éternité. Le temps, qui semblait le principal obstacle à la sérénité, devient ainsi son principal auxiliaire. Cette vision synthétique constitue la réponse de Lucrèce au débat qui oppose temps, bonheur et souffrance; il y exprime une conception esthétique du temps, qui fournit en outre un début de réponse aux préoccupations de son époque. Le De rerum natura se présente essentiellement comme un livre sur l'éternité du temps.