Le monde rural chez les écrivains de l'École de Vologda (1953-1983) : Alexandre Iachine, Fédor Abramov, Vassili Bélov : romans, nouvelles et récits
Auteur / Autrice : | Françoise Chambon Burgun |
Direction : | Michel Aucouturier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études slaves |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Le thème rural -constant dans la littérature russe- a donné matière, sous Staline, à des évocations dithyrambiques de la campagne kolkhozienne. Sous Khrouchtchev et Brejnev, il reste très vivant mais se renouvelle grâce à la littérature dite ''ruraliste'': prenant la relève d'écrivains paysans disparus au cours des années 20 et 30, d'autres écrivains, animés par un souci de vérité et par l'amour de leur terre natale, évoquent la campagne soviétique en des tableaux critiques remplis d'amertume. Trois écrivains de Vologda sont à la pointe de ce mouvement: lachine, Abramov, Belov. Proches par leur origine paysanne nordique, ils ont vécu successivement trois moments-clés de l'histoire soviétique: la collectivisation, la guerre, l'après Staline. Ils parviennent à édifier cette nouvelle littérature malgré les obstacles crées par la censure politique pour l'étouffer. Un examen formel de leur œuvre révèle la remise à l'honneur et la diversification de genres littéraires dits ''mineurs'' (otcherk, récit, conte) ainsi qu'un renouvellement des techniques narratives (nouvelles et romans), dans une langue originale où le skaz s'allie à l'écriture de l'auteur. Y sont dénoncés avec humour ou ironie les défauts des ''chefs'', les méfaits de la bureaucratie, la misère physique et morale de la population rurale dans une campagne ruinée et désertée. Remontant aux sources, surtout au cours des années 60-70, ces écrivains évoquent, dans plusieurs nouvelles et romans historiques, les heures les plus sombres de la collectivisation et de la guerre, mettant en accusation le système kolkhozien lui-même et ses créateurs. Leurs critiques se fondent sur l'exaltation de valeurs paysannes traditionnelles perdues: la maison et la famille, la communauté villageoise qui animait le travail et les fêtes, la nature à la fois amie, mère et espace sacré. Ainsi renouent-ils avec un humanisme universel et un art populaire qui, rebelles à la domination des systèmes, prennent en considération les aspirations spirituelles de l'homme, seules capables de donner un sens à sa vie.