Les voies de l'au-delà au Moyen-Age : de la navigation de Saint Brandan aux Pélerinages de Guillaume de Digulleville
Auteur / Autrice : | Fabienne Pomel |
Direction : | Jean Dufournet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Résumé
Le corpus (voyages dans l'au-dela et voies allegoriques d'enfer et/ou de paradis, 1er quart du xiie-milieu du xive) explore les possibles d'un genre qui articule le recit de voyage a la dynamique du salut individuel chretien comme mediation entre ici-bas et au-dela, entre l'homme et dieu, si la conscience medievale d'une unite du corpus est faible et sa designation flottante, les schemas actantiels, la typologie des parcours et formes narratives dessinent une mouvance historique de textes. Didactiques et edifiants, les textes detournent et laicisent aussi des modeles religieux. Cette litterature ''para-religieuse'' reflechit sur les statuts de la creation litteraire, de l'ecrivain et de l'allegorie, souvent entaches de soupcon aux yeux de la religion. La modification des modalites d'acces a l'au-dela, le developpement des modeles penitentiel, purgatoire, judiciaire ou monastique, ainsi que des agents et motifs de mediation, temoignent d'une faille nee au xiie et progressivement elargie entre les deux mondes, en meme temps qu'un effort renforce de liaison et de communication indirecte : changements decisifs de representation de l'espace, du temps et de l'homme, le sujet connait alors une difficile emergence sous le signe du dechirement et du temps et une promotion sur les terrains religieux (il doit combler la fracture par sa profession de foi) et litteraire. L'allegorie apparait a la fois comme indice et antidote de la fracture : c'est un travail (intellectuel, esthetique, theologique. . . ) de la representation contre la separation des spheres physique et metaphysique, par la fonction d'entrelacs de ses procedes et l'hermeneutique appelee chez le lecteur. Proposant une vision ordonnee du monde, sous le signe de la participation et du lien, elle accuse cependant ses limites chez guillaume de digulleville avec un monument allegorique mine par l'eclatement et le delire analogique, ou perce une angoisse nouvelle.