Une politique du logement : la Sonacotra (1956-1992)
Auteur / Autrice : | Marc Bernardot |
Direction : | Anne-Marie Guillemard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
La question du logement social est étudiée ici à l'aide de méthodes qualitatives et quantitatives et d'archives, à travers l'analyse du cas des travailleurs immigrés célibataires. Après la seconde guerre mondiale ces travailleurs non qualifiés originaires du Maghreb ont été recrutés pour combler les besoins de main d'œuvre. Ils étaient supposés retourner dans leur pays d'origine à la fin de leur période d'emploi. Dans le contexte de la crise du logement les Algériens habitaient des bidonvilles à la périphérie des grandes villes dans le contexte stratégique de la guerre d'Algérie. En France à la différence des autres pays industriels, une société de construction de logement spécifique, la Sonacotra a été créée en 1956 pour construire et gérer des foyers de travailleurs migrants. Cette entreprise de logement a des statuts spécifiques de société d'économie mixte. Avec l'appui financier de l'Etat, la Sonacotra a diversifié les origines nationales des usagers des foyers et ses activités vers la rénovation urbaine, les programmes d'urgence et des filiales pour HLM pour les familles. Dans la gestion des célibataires la Sonacotra a appliqué des principes d'hygiénisme coercitif et de contrôle. En réaction, la mobilisation des usagers par une longue grève contre les prix de location élevés et les méthodes autoritaires de gestion ont limité les possibilités d'action de la Sonacotra. La crise économique et l'interruption de l'immigration ont modifié le contexte de cette action à partir de 1974. Le patrimoine immobilier de l'entreprise est à ce moment-là trop spécifique, ségrégatif et en dessous des normes. Les hôtels doivent s'ouvrir à des chômeurs et à partir de 1986 l'entreprise tente de développer des programmes pour d'autres publics. Dans le même temps la durée de séjour des usagers étrangers traditionnels des foyers s'accroit fortement. L'interruption de la mobilité professionnelle due à la crise du bâtiment et de l'industrie rend plus dépendant ces travailleurs peu qualifiés. Ils se trouvent quelquefois en conflit avec d'autres résidents mais développent cependant des forts liens de solidarité entre eux au sein des foyers. Malgré la persistance des inégalités entre les résidents et le reste de la population, la situation des premiers s’apparente de plus en plus à celle des seconds, tout en restant dans une insertion ségrégée