Exil et politique : éléments pour une sociologie de la politique en émigration : l'exemple des hongrois, des polonais et des tchécoslovaques en France de 1945 à nos jours
Auteur / Autrice : | Stéphane Dufoix |
Direction : | Marc Lazar |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
La plupart des études qualifient la politique en émigration d'activité ridicule et inutile. Ces affirmations resultent souvent d'une incomprehension de l'importance de la politique dans la vie des emigres. Nous proposons de nommer ''exil'' l'espace politique dans lequel evoluent les differents groupes emigres dont le point commun est la lutte contre le regime en place dans leur pays natal. L'exemple des exilés hongrois, polonais et tchecoslovaques en France de 1945 à nos jours permet d'élaborer un modèle d'analyse sociologique de l'exil dans lequel les déclarations des exilés sont prises au sérieux. Il semble d'abord que la formation d'un espace politique à l'étranger nécessite plusieurs aménagements par rapport au champ politique d'origine : une population politique différente, la construction par les groupes exilés d'une légitimité à agir politiquement, la possibilité d'organiser une action politique dans les pays d'accueil, l'existence de financements internes ou externes, mais aussi une transformation du temps et de l'espace, les exilés fondant leur existence sur la mise entre parenthèses de l'évolution de leur pays et déployant leurs activités politiques sur le territoire de nombreux états. Cela n'empêche pas la mise en place d'une structuration specifique, au niveau des relations entre les groupes - triple structuration : temporelle au regard des nouveaux arrivants, politique avec l'organisation d'identités politiques élargies, et sociale, l'exil étant lié aux relations entretenues par chacun des groupes avec des groupes sociaux du pays d'accueil - qu'a celui de l'expression d'interdictions souvent tacites visant à definir une morale de l'exilé quant aux relations qu'il peut entretenir avec le pays d'origine. Par bien des points, les exilés et le régime fui sont en guerre. Pourtant, la chute des régimes communistes en 89-90 n'entraine pas automatiquement le retour au pays et la cessation des activités politiques.