Thèse soutenue

Le ministère public : des magistrats pour partie ? : une approche historique et comparative de l'impartialité du ministère public en France et en Allemagne

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Auteur / Autrice : Éric Mathias
Direction : Mireille Delmas-Marty
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit privé
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'auteur pose sous l'angle du droit comparé le problème de l'étouffement en France d'affaires pénales par le truchement de classements sans suite de convenance (cette pratique n'a pas cours en R. F. A). Comment expliquer ces dérives quand l'impartialité des magistrats du parquet est constitutionnellement proclamée ? La doctrine propose une réponse statutaire. Ces classements commandes par le pouvoir procèderaient de la subordination hiérarchique des procureurs : sans garantie statutaire, ils seraient contraints d'obtempérer, c'est-à-dire de déférer aux injonctions du garde des sceaux. L'étude du ministère public en France et en Allemagne suggère une autre explication. Dans chaque pays, l'impartialité des procureurs est consacrée, ils sont soumis au pouvoir exécutif et disposent d'une marge d'appréciation au moment de déclencher les poursuites. Ces analogies ne doivent pas masquer une différence essentielle : tandis que le droit français qualifie le procureur de "partie au procès" (et sépare en conséquence les fonctions de poursuite et d'instruction), le droit allemand récuse cette qualité. Cette dissemblance doit interpeller la doctrine française : l'autorité judiciaire des parquetiers français n'est pas conciliable avec leur qualité de partie et les classements de convenance posent finalement moins une question statutaire (les magistrats du parquet doivent-ils être indépendants ?) que procédurale (un magistrat peut-il être partie ?). L'absence d'impartialité qu'illustrent les classements sans rapport avec l'intérêt national existe en amont des relations hiérarchiques : la soumission des procureurs ne fonde pas cette dérive mais la décline. Le moyen de consacrer l'impartialité du ministère public français résiderait dans l'abolition de la séparation de la poursuite et de l'instruction, dans l'instauration corrélative d'une séparation de l'enquête et de la poursuite et dans la création de garanties propres à contrôler la régularité des classements en opportunité.