Les fondements de l'économie du bien-être et la révision de l'utilitarisme : l'héritage de Henry Sidgwick
Auteur / Autrice : | Philippe Bazard |
Direction : | André Lapidus |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Résumé
Cette thèse, centrée sur la pensée de Henry Sidgwick, s'intéresse aux débats qui ont permis à l'économie du bien-être de se constituer en discipline autonome au sein de la théorie économique. Les travaux de Sidgwick en économie et en philosophie morale montrent que l'auteur est un des premiers économistes à proposer une analyse de l'intervention de l'état sur la base du principe utilitariste. Ceci lui permet de prendre en compte l'efficacité économique et la justice distributive. La démarche employée par Sidgwick pour justifier les ingérences étatiques dans le domaine économique consiste en une étude des conséquences de l'adoption de l'hypothèse d'égoïsme éclairé des agents. L'auteur parvient ainsi à montrer que les décisions individuelles égoïstes sont le plus souvent incompatibles avec l'intérêt général, renouant ainsi avec la question des limites adéquates de la sphère d'intervention de l'état déjà abordée par Bentham et par Mill. Toutefois, la démarche de Sidgwick est étayée par une compréhension originale des comportements individuels. En effet, Bentham et Mill pensent que l'individu demeure le meilleur juge de ses propres intérêts. En dehors de ces cas, les interventions autoritaires de l'état ne sont pas justifiées du point de vue utilitariste. Or, pour Sidgwick, même des individus ''sains de corps et d'esprit'' ne sont pas, dans de nombreux cas, les meilleurs juges de leurs intérêts. L'adoption de l'hypothèse individualiste ne permet donc pas de déboucher sur un résultat socialement désirable. Les apports de Sidgwick à l'utilitarisme permettent de comprendre les travaux de ses contemporains. Il s'avère que les divergences avec Marshall sont dues à l'évolutionnisme spencérien qui constitue la source d'inspiration de ce dernier, en éthique et en économie. Son influence s'étend aussi à G. E. Moore et à J. M. Keynes. Sidgwick a suscité les critiques de Spencer pour qui l'évolution tend à favoriser le développement des sentiments égoïstes raisonnables qui assureront la convergence entre intérêts privés et collectifs. Enfin, l'influence sur Edgeworth est la plus importante car ce dernier admet l'idée que les principes d'action égoïste et utilitariste sont irréductibles l'un à l'autre et montre que la concurrence entre individus égoïstes doit être supplée par l'arbitrage utilitariste.