Lectures d'"Un balcon en forêt" de Julien Gracq : l'écriture de la fiction
Auteur / Autrice : | Raymond Michel |
Direction : | Raymonde Robert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Nancy 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'analyse d'"Un balcon en forêt" de Julien Gracq s'appuie sur les propositions élaborées par P. Ricoeur dans "Temps et récit", lequel considère le récit de fiction comme le "gardien du temps". L'étude a pour objectifs de lier compréhension, interprétation et explication du fonctionnement du texte (la "configuration"), de questionner le rapport entre l'histoire (la drôle de guerre) et la fiction, et de mettre en évidence l'opération de "refiguration" qu'effectue le lecteur dans la construction du sens. Est, d'abord, proposée, une interprétation du cadre du récit dans ses dispositifs paratextuels et dans ses lieux stratégiques. L'analyse s'attache, ensuite, à montrer comment le texte gracquien fait vaciller les repères énonciatifs de la fiction. En effet, l'étude de la temporalité démontre que, au-delà de la linéarité du récit, se tisse un jeu subtil d'anachronies qui ont pour effet de déstabiliser toute lecture référentielle, le texte mêlant narrations singulative et itérative. Dans un temps qui semble arrêté, l'espace, donc, prend une importance décisive : conflictuel, il est d'une portée symbolique et poétique, essentielle à la signification du récit. L'étude de la diégèse dans ses trois composantes (pragmatique, cognitive et thymique) montre que, dans "Un balcon en forêt", l'agir laisse la place au sentir et au pâtir. Ainsi, une analyse de la manifestation textuelle permet de voir à quel point l'écriture de fiction est contestée par une écriture poétique, qui privilégie une structuration paradigmatique. Toutefois, même si le texte gracquien fonctionne en "enceinte fermée", il évite toute clôture formaliste ; d'une part il se présente comme une suite de "variations imaginatives sur le temps", d'autre part il donne l'initiative au lecteur, devenu véritable "metteur en scène" d'une fiction, elliptique et ambiguë, et enfin il "pousse sur le terreau" de la littérature, et, prend sens par rapport à un intertexte constamment sollicité.