Contribution à l'étude des mécanismes de l'interaction alcool-tabac dans l'étiologie du cancer de l'oesophage
Auteur / Autrice : | Mathilde Lechevrel |
Direction : | Pascal Gauduchon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Toxicologie de l'environnement |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Metz |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le mécanisme de l'interaction alcool-tabac dans l'étiologie du cancer épidermoïde de l'œsophage est mal connu. Une hypothèse serait que l'alcool modifierait l'expression des enzymes métabolisant les carcinogènes du tabac au niveau du foie et de l'œsophage. Nous avons mesuré dans un premier temps l'influence de différentes boissons alcoolisées (vin, cidre, bière whisky, calvados fermier ou industriel, éthanol seul) sur le métabolisme de certaines nitrosamines chez des rats traités de manière aiguë, puis exposé à la n-méthylbenzylnitrosamine. Une induction significative du cyp2e1 en rapport avec le taux d'éthanol a été observée dans des microsomes de foie, mais non dans des microsomes œsophagiens. Aucune influence de la nature de l'alcool consommé n'a été observée sur le taux d'adduits de méthylation et le niveau d'expression des cytochromes dans le foie et l'œsophage. Chez l'homme, notre première approche a été de confirmer la présence des p450 impliqués dans l'activation des carcinogènes du tabac dans des muqueuses œsophagiennes non néoplasiques et de rechercher une augmentation de l'expression en cas de consommation excessive d'alcool et de tabac. Les cyp1a1/2, 2e1 et 3a3/4 ont été détectés mais aucune relation significative n'a pu être mise en évidence entre le taux de protéines, le taux des transcrits et le nombre de cigarettes et de boissons alcoolisées. L'endommagement de la muqueuse œsophagienne à la suite d'une exposition directe aux boissons alcoolisées bues chaudes est susceptible d'induire une augmentation de la prolifération cellulaire qui pourrait contribuer au processus carcinogène. Nous avons montré par immunohistochimie, une prolifération accrue (ki67) dans les zones d'œsophagites chroniques accompagnée d'une surexpression de p53 dans des muqueuses œsophagiennes non néoplasiques adjacentes à la tumeur et normales prélevées respectivement chez des patients (12 cas) et des volontaires sains (22) résidant dans une région à haute incidence, la Basse-Normandie. Une relation significative a également été mise en évidence entre l'apparition d'œsophagite chronique et la consommation de calvados et d'autres digestifs bus chauds. L'ensemble de ces résultats suggèrent fortement l'apparition d'un processus prénéoplasique dans des zones de muqueuses œsophagiennes qui apparaissent histologiquement normales