Condillac et la posture matérialiste en pédagogie : l'enfant n'est pas une idée
Auteur / Autrice : | Philippe Gaberan |
Direction : | Philippe Meirieu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Résumé
L'étude de la vie et de l'oeuvre de Condillac, philosophe des lumières et compagnon de Jean-Jacques Rousseau, est le seuil obligé de ce travail. D'une part, parce qu'elle actualise la rupture, au sens défini par Bachelard, avec la fiction éducative qu'est l'Emile. D'autre part, parce qu'elle permet de comprendre pourquoi, aujourd'hui, les sciences cognitives ancrent le développement de l'intelligence à la fois dans l'éducation des sens et dans la maîtrise du langage. Considérée, à tort, comme incohérente par Maine de Biran, parce qu'elle fait le pari de tenir ensemble la genèse et le calcul, l'oeuvre de Condillac autorise en fait le passage d'une philosophie de l'éducation à une philosophie du pédagogique. Elle est une fenêtre ouverte sur l'enfant réel. Par ce biais, elle conduit ce travail jusqu'à l'aperception de la notion de ''matérialisme pédagogique''. Il s'agit la d'une notion difficile qui appartient à une longue tradition philosophique. Certes, ce travail ne parvient pas à stabiliser le concept mais il donne prise sur trois repères fondamentaux: l'ancrage dans le réel qui ouvre à une vision prométhéenne de l'accès au savoir, la rencontre avec l'autre qui passe par la reconnaissance de son être là, à la fois par le corps et par son histoire, et, enfin, l'acceptation de la ''différance'' qui, au sens de Derrida, mesure l'écart entre la différence et la ressemblance. Dès lors la posture du pédagogue est celle d'un individu qui, engagé dans son devoir d'éducation, se détourne de la notion d'échec, toujours référencée à un idéal normatif, pour lui préférer celle d'échouage. Aussi comprendra-t-on pourquoi tout pédagogue appartient à cette catégorie des ''échoueurs'' dont parle Michel Soetard.