L'idée d'Europe de Rudolf Pannwitz : l'Autriche et la Bohême comme modèles culturels européens
Auteur / Autrice : | Marie-Odile Thirouin |
Direction : | François Genton |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études germaniques |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Université Stendhal (Grenoble ; 1970-2015) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
En 1914, le penseur et poete allemand rudolf pannwitz (1881-1969) entreprend un combat pour l'europe qu'il n'abandonnera plus jusqu'a la fin de sa vie. Pannwitz, comme tous les kulturkritiker, s'en prend a la modernite. Toutefois, il ne cherche pas de solutions dans la restauration d'un passe revolu. Il se tourne vers l'avenir et la construction d'une europe nouvelle sous l'egide du ''cosmonationalisme'' de herder, du messianisme slave de dostoievski et de la religion de l'homme instauree par nietzsche. L'europe a besoin de nations dotees d'identites culturelles fortes, mais privees de pouvoir politique au profit d'un imperium que les protegerait sans les ecraser : c'est la lecon paradoxale qui ressort de la reflexion de pannwitz. Les allemands ont certes un role determinant a jouer dans ce projet, mais pannwitz leur refuse toute perspective d'hegemonie autre que culturelle - et provisoire - en europe. Bien plus que l'allemagne, l'empire austro-hongrois fait figure de modele de l'idee d'europe pronee par pannwitz : il incarne, dans l'espace et dans le temps, la volonte de coexistence de peuples divers sous l'egide de l'esprit allemand. Initie a l'autriche par hofmannsthal, pannwitz prend toutefois conscience lors d'un voyage a prague que le modele autrichien est sur le declin. Il cherche alors a le renouveler grace a la culture tcheque. Cette tentative de marier deux mythes complementaires, l'un fonde sur la religion catholique, la culture allemande et la dynastie des habsbourg, et l'autre sur un ideal protestant, democratique et anti-allemand (tel que le definit masaryk), echoue en 1918. Pannwitz essaie ensuite de s'appuyer sur la tchecoslovaquie nouvelle pour promouvoir son idee d'europe, sans toutefois reussir a empecher la montee du national-socialisme. De ce double engagement d'un idealiste allemand pour l'autriche et pour les tcheques ressort la conception d'une europe qui ne se construit pas par l'economie et la politique, mais d'abord par la culture.