Thèse soutenue

Itinéraires portugais de Tunis, de Livourne et d'Amsterdam au XIXe siècle : nation, communautés, familles, entreprises

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Auteur / Autrice : Lionel Lévy
Direction : Gérard Nahon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études hébraïques
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : École pratique des hautes études. Section des sciences religieuses (Paris)

Mots clés

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Résumé

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Le Ier titre, à partir d'informations tirées de l'histoire familiale de marchands signalés à Tunis au XVIIe siècle, veut retracer au XIXe la mémoire collective et les mentalités des communautés portugaises, montrant un subconscient de tragédie collective. Des sociétés oligarchiques marquées, dès leur origine par une renaissance spirituelle sans théocratie, une conscience aristocratique persistante, enfin une antique tradition caritative, dans l'environnement espagnol chrétien ou musulman, reliée à l'action sociale du XIXe siècle, dans le cadre notamment de l'Aiu, fondée par Adolphe Crémieux, provençal de Paris, et Moses Haim Montefiore, livournais de Londres. La communauté de Livourne illustre la permanence du type social médiéval hispano-arabe du marchand-lettre dans les familles du négoce. Les livournais de Tunis, arabisants mais non arabises, manient depuis toujours l'arabe, l'espagnol, l'italien et le français, voire le portugais. L'option linguistique espagnole et non portugaise jusqu'au début du XIXe siècle s'explique par une présence massive de moriscos à Tunis à partir de 1609, hispanophones jusqu'au moins au milieu du XVIIIe. L'italien, courant dans toute la méditerranée, devient langue principale pour les livournais de Tunis un peu plus tard qu'a Livourne même. Le titre II évoque un politique philanthrope, le baron Giacomo di Casteinuovo, patriote italien mais juif solidaire. Son projet de fusion des deux communautés de Tunis par l'école, et non par voie autoritaire, s'inspire du paternalisme rédempteur du risorgimento. Le chapitre 5 analyse antisémitisme et italophobie dans la droite cléricale française du XIXe, et l'ambigüité livournaise entre rivalité coloniale et fascination pour la France des lumières et des nationalités. Le dernier titre décrit ascensions et déclins des trois communautés sœurs, l'originalité des livournais de Tunis est qu'ils forment l'élite cultivée de deux peuples pauvres : le peuple italien chrétien et le peuple juif tunisien, ensemble majoritaires dans Tunis, cadre d'un pluralisme culturel unique.