Les representations du corps dans la pratique funeraire de cremation, de l'antiquite au monde moderne
Auteur / Autrice : | Manuela Tartari |
Direction : | Françoise Héritier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Ce travail est issu d'une decouverte qui concerne un concours de l'institut de france en 1 799 pour decrire un nouveau rituel funeraire, que j'ai faite au cours d'une recherche sur les raisons du choix de cremation chez un groupe de membres d'une societe de cremation italienne. En verifiant les donnees concernant le xviiieme siecle, je me suis trouvee face a une tentative complexe de structurer un nouveau rite funebre. Le changement qui a eu lieu est important et concerne non seulement notre facon de traiter les defunts, mais l'attitude differente envers le corps, la nouvelle gestion des rapports entre ici-bas et l'au-dela et, en definitive, les liens culturels de l'angoisse de la mort. J'ai utilise ces materiaux pour comprendre quelles sont les differentes representations du corps qui se dessinent a l'interieur de la cremation moderne et, dans ce but, j'ai abordes certains themes tires de l'inde des vedas et de la grece homerique; ils constituent le paradigme antique, qui nous donne une grille d'interpretation suffisamment ample. Suit une reflexion sur le christianisme primitif, entendu comme ce moment ou l'occident consolide un choix funeraire d'inhumation, sans pour autant abandonner la production de metaphores de transformation a travers le feu, qui deviendront centrales dans la pensee alchimique et conflueront, en version modernisee, au sein des grandes decouvertes du xvii-xviiieme siecle sur la chaleur et l'electricite. Ces donnees servent de cadre a l'etude de ce processus que je definis la naissance d'un rituel. La signification rituelle du feu interagit avec l'identification de deux representations particulieres concernant les rapports entre corps et ame, qui, a mon avis, jouent un role fondamental dans la pensee occidentale. Synthetiquement, je les definis comme corps prison et corps miroir. Au fil du temps, les deux representations ont connu des fortunes diverses, mais n'ont jamais totalement disparu; selon mon hypothese, les dernieres annees du xviiieme siecle voient la suprematie du corps miroir, apres un processus de bouleversement qui a dure des siecles. J'essaierai de demontrer que lorsqu'une des deux representations prend le dessus, l'autre devient l'apanage de groupes marginaux, preuve d'un antagonisme qui puise ses racines jusque dans la diversite des facons de se rapporter au corps.