Thèse soutenue

Le zār, rituel de possession en Égypte : de la souffrance à l'accomplissement

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Auteur / Autrice : Tiziana Battain
Direction : Gilbert Grandguillaume
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Résumé

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La thèse est basée sur l'observation des rites et l'enquête intensive parmi les adeptes du zār dans la région du Caire et constitue une contribution importante à la compréhension des rituels de possession dans le monde arabo-musulman. Le zār égyptien concerne surtout les femmes de toute classe et âge et possède une grande flexibilité qui lui a permis de s'adapter au contexte égyptien et à l'évolution de ce pays durant le 20e siècle. Le rituel est étudié non dans ses fonctions sociales ou psychologiques mais dans sa structure, c'est-à-dire à travers ses mécanismes propres mettant en relation les agents du rite, les esprits, la novice, l'officiante. La logique rituelle implique la transformation du rapport de l'homme au monde surnaturel, de sa relation aux esprits et à la divinité. Cette transformation est opérée par les rites initiatiques, pouvant prendre plusieurs années, et aboutit à l'accomplissement spirituel de l'adepte. De possédée elle devient adepte et enfin officiante (kudiya), en passant par différentes étapes rituelles, qui permettent sa progression et qui sont soulignées par l'adoption de titres différents. D'une possession ''sauvage'' elle passe à une possession ''maîtrisée''. La structure rituelle fait intervenir à différent moment la divination par le rêve, la musique et la danse qui accompagnent la transe, l'usage de différents objets rituels, le sacrifice d'animaux comestibles etc. Le zār égyptien n'est pas simplement un rituel thérapeutique mais il est considéré comme un rituel religieux, et ses officiants et ses adeptes se reconnaissent comme des bons musulmans. Cependant, la spiritualité du zār traverse les religions, qu'elles soient musulmane, chrétienne, juive tout en les reconnaissant et les englobant dans son rituel. Il est ainsi considéré comme un rituel d'actualisation et de manifestation de la grâce de Allah. La kudiya devient le véhicule de la bénédiction d'Allah, et aide les autres possédées dans leur parcours de transformation, grâce à sa relation privilégiée aux esprits et la maîtrise de la possession, ce qui implique d'avoir l'autorité, la connaissance, la puissance nécessaires pour agir efficacement dans les rites. Ainsi le zār se révèle comme une forme religieuse féminine singulière, souvent méprisée et contrariée par les religieux orthodoxes ou mystiques, ainsi que par le gouvernement.