L'identité bretonne
Auteur / Autrice : | Ronan Le Coadic |
Direction : | Anne Guillou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Brest |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Toute identité collective est une représentation sociale chargée de beaucoup d'eémotion, et non pas une réalité concrète invariable dans l'espace et dans le temps. L'identité bretonne ne fait pas exception. Les matériaux dont elle est constituée, images mentales d'origine parfois très ancienne, ont toujours été et sont encore à présent un objet de luttes symboliques dont l'enjeu varie selon les époques mais relève toujours de la politique, au sens large du terme. Et si la figure du breton sauvage, qui forme en quelque sorte l'envers de la représentation du français civilisé, est profondément ancrée dans les esprits, cela s'explique par l'action de ces puissantes institutions de socialisation que sont la famille et l'école. En quelques décennies, l'appréciation de l'identité bretonne a beaucoup changé. D'abord déconsiderée, elle a ensuite été revendiquée avant de devenir prisée. Cependant, la société bretonne actuelle garde vivantes les traces de cette histoire récente. Ainsi, l'identité négative n'a pas totalement disparu ; des stigmates honteux subsistent chez une minorité de bretons surtout féminine, agricole, et basse-bretonne. De plus, le renversement symbolique n'a pas toujours donné les résultats escomptés, ou n'a pas terminé de porter ses fruits. Quant au rapprochement entre les milieux économiques et culturels, s'il paraît susceptible d'être fécond, il n'en est encore qu'à ses prémices. Les bretons ne sont pas particulièrement fermés sur eux-mêmes. Ce que l'on appelle leur forte identité résulte au contraire d'une création permanente largement ouverte aux influences extérieures. Peu sensibles aux charmes de l'autonomisme, ils n'en sont pas moins très profondément attachés à leur singularité. Et les propos qu'ils tiennent aujourd'hui à l'égard de l'état français évoquent davantage un mariage de raison que de l'amour. Enfin, grâce, vraisemblablement, à des réminiscences de catholicisme et à leur culture de résistance, ils parviennent à conserver, malgré les difficultés contemporaines, un mode de vie relativement paisible.