Les masques dogons sous le regard de L'Autre : fixité et changement dans une société ethnographiée
Auteur / Autrice : | Anne Doquet |
Direction : | Sory Camara |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie. Anthropologie sociale et culturelle |
Date : | Soutenance en 1997 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Jury : | Président / Présidente : Bernard Traimond |
Examinateurs / Examinatrices : Sory Camara, Bernard Traimond, Jack Goody, Bennetta Jules-Rosette, Jean-Loup Amselle |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le peuple dogon vit au Mali, sur le plateau de Bandiagara bordé de falaises escarpées. Depuis le coup de cœur de Marcel Griaule en 1931 devant les danses masquées exécutées pour des funérailles, les travaux ethnologiques autour de sangha ont été continus. Ils ont provoque un afflux de touristes en mal d'exotisme qui voient dans ce peuple, et surtout dans ses rites, un cas exceptionnel de maintien des coutumes ancestrales. La première partie de ce travail montre comment cette image s'est peu à peu élaborée, et comment les spécialistes ont tendu à ne chercher dans les masques que l'illustration toujours identique des mythes fondateurs, cohérents et immuables qu'ils découvraient avec fascination. Pourtant, dans des zones moins fréquentées, le masque se révèle changeant. La deuxième partie étudie, parallèlement à ses fonctions rituelles, ses rapports avec la société dans laquelle un ordre de surface volontairement maintenu endigue les perturbations. Temps de désordre permettant l'intégration d'éléments nouveaux, la danse masquée reflète, accompagne et favorise le nécessaire changement. Elle constitue ainsi un élément fondamental de l'identité culturelle et de l'équilibre social. Pourquoi les danses à sangha perdent-elles cette mobilité ? Tel est l'objet de la troisième partie. Il semble que les ethnologues aient fixé par l'écrit des récits mythiques improvisés selon la coutume sur une ossature de base, en fonction du contexte et de l'auditoire. De plus les dogon ont évidemment intérêt à présenter aux touristes les rites hautement traditionnels qui font leur célébrité. Enfin les jeunes, en désarroi devant une mutation culturelle rapide, recherchent leurs traditions dans l'œuvre des ethnologues et espèrent maintenir leur identité en répétant fidèlement les gestes du passé. Si les danses masquées venaient à se couper totalement d'une réalité qui évolue, l'héritage que l'on veut préserver en serait profondément dénaturé. Et le regard de l'étranger aurait pesé lourd dans cette transformation d'une tradition vivante en un folklore figé.