La quête identitaire dans l'oeuvre romanesque d'Antonio Muñoz Molina, 1986-1991 : étude de "Beatus ille, El inverno en Lisboa, Beltenebros, El jinete polaco"
Auteur / Autrice : | Christine Pérès |
Direction : | Jacques Soubeyroux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études ibériques |
Date : | Soutenance en 1996 |
Etablissement(s) : | Saint-Etienne |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Inscrite au sein d'une "surmodernité" dans laquelle l'homme ressent un mal de vivre de plus en plus évident et où les bases de son identité se dérobent face aux bouleversements engendrés par l'essor des technologies, l'élargissement de l'espace et la modification des relations sociales qui en dérive, l'oeuvre d'Antonio Munoz Molina s'offre à son lecteur comme le reflet ou le miroir de cette préoccupation car l'écrivain place au coeur de son oeuvre le thème de la quête identitaire. Ce thème fait l'objet de notre étude consacrée aux quatre premiers romans de Munoz Molina, publiés entre 1986 et 1991. Elle adopte une voie différente des approches traditionnelles qui ont pour habitude de scinder la production de l'écrivain en deux cycles : les romans de magina et les romans d'aventures criminelles. Elle vise à prouver que, sous la diversité des histoires racontées, l'oeuvre du romancier dissimule un projet romanesque cohérent : les différents romans ne sont que quelques pages de ce livre unique que Munoz Molina ne cesse d'écrire. Le premier chapitre montre que la quête identitaire passe par une quête du passé. Cette dernière s'accomplit selon des modalités empruntées à plusieurs genres, que l'écriture du romancier fond en une seule entité : le roman policier, le roman d'apprentissage, le roman de la mémoire et le roman historique. Les quatre romans privilégient une vision à la fois prospective et rétrospective et la discontinuité de l'écriture masque une architecture secrète : le présent se reflète dans le miroir du passé et le labyrinthe temporel s'organise progressivement en une spirale. Le deuxième chapitre montre que la quête identitaire s'organise aussi dans l’espace. Elle constitue la source de mobilité des personnages qui, souffrant de la non correspondance entre leur être et leur milieu d'origine, rêvent d'un ailleurs idéalisé où leur personnalité pourrait s'épanouir. La quête d'une terre à soi devient rapidement une errance à travers l'espace. Finalement, les personnages ne renoncent à le parcourir que pour se livrer à des voyages immobiles dans leurs souvenirs et dans le paradis perdu de leur jeunesse. Les images symboliques de l'île et du labyrinthe caractérisent à la fois la terre promise et le paradis perdu. Elles miment aussi le dédale mémoriel d'une conscience repliée sur elle-même.